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Les mesures d'âge limitent la casse sociale

SANS | publié le : 29.06.2004 |

Depuis un an, départs longue carrière, Cats, mutations et départs volontaires ont évité le licenciement sec à 60 % des 490 salariés de la branche énergie à Belfort. Ce taux grimpe à 75 % à La Courneuve. Pour les autres, la cellule de reclassement démarre début juillet, dans un contexte difficile.

Il reste quelques jours aux 198 licenciés d'Alstom, à Belfort, et aux 70 de La Courneuve, pour choisir d'adhérer ou non à la cellule de reclassement que le groupe a confiée à Algoé. Tel sera le premier épilogue d'un long processus de négociations, dont l'origine remonte au printemps 2003 et à la suppression annoncée de 775 emplois sur les deux sites (490 + 285) de la branche énergie, celle qui fabrique, notamment, les turbines et les machines électriques. Avant le PSE, un accord de méthode, signé par trois syndicats (CFDT, CFTC, CGC), a servi de cadre aux discussions durant le second semestre 2003.

Mutations internes

Pour limiter les licenciements secs, les partenaires sociaux ont déployé la panoplie des mesures d'âge. A Belfort, sur 478 salariés concernés au final par le PSE, 111, âgés de plus de 55 ans, ont bénéficié d'un accord Cats, qui leur accorde 65 % de leur salaire annuel brut reconstitué, « ce qui donne, en fait, 88 % à 95 % du net », signale Robert Bolle-Redat, négociateur du PSE pour la CFDT.

En cours de négociation, Alstom a saisi l'opportunité de la réforme Fillon sur le départ en retraite des "longues carrières" : celle-ci bénéficie à 22 salariés ayant commencé à travailler à 14 ans. Les mutations, elles, ont pris des formes diverses : à l'intérieur du groupe, hors Belfort (30 cas), sur le site, et, surtout, une soixantaine de "transferts" définitifs à la filiale MSA, spécialiste des fils supraconducteurs, qui tourne à plein régime. Projets personnels et départs volontaires ont fini de limiter la casse sociale. Le même scénario a prévalu sur le site homologue de La Courneuve (93) : 285 suppressions de poste devraient déboucher, finalement, sur 25 % de licenciements secs. « Ce taux pourrait remonter, car nous craignons une surestimation des possibilités de mutations internes », commente Christian Munier, délégué central CGC d'Alstom Energie.

Comment s'annonce la tâche d'Algoe ? Difficile, répondent en choeur les syndicats, du moins pour Belfort. La conjoncture et le profil des reclassables fondent leur pessimisme. « Le bassin d'emploi du Nord-Franche-Comté souffre. Nos 200 personnes vont subir un effet d'entonnoir sur le marché de l'emploi. La majorité d'entre eux ont entre 45 et 53 ans et ont subi un choc psychologique. Je crains que des gens finissent au RMI », expose Jacques Rambur, responsable CGT.

Nul doute que l'action d'Algoé, également mandaté à La Courneuve, sera jugée à l'aune d'un précédent, vieux de quelques années seulement : en 2000, son concurrent Altédia était intervenu à la suite d'un plan social de 600 postes à Belfort. Mesures d'âge et mobilité avaient ramené les licenciements à quelque 300. Aujourd'hui, il resterait une centaine de personnes à pointer à l'ANPE, selon les syndicats ; une cinquantaine, selon la direction. « Il sera difficile à Algoé de faire mieux », pronostique Christian Munier.

Un PSE décevant

Les modalités du dernier PSE suscitent la déception syndicale. Les éléments extra-conventionnels ne manquent pourtant pas, dont une prime d'incitation à un reclassement rapide, équivalant à plusieurs mois de salaire. Mais les syndicats s'étonnent de sa limitation aux personnes qui retrouveront un CDD de douze mois au moins, ce qui exclut donc les CDI. Ils pointent une générosité moindre qu'en 2000. « L'actuel plan est mini-mini. Dans le précédent, certains sont partis avec 45 000 euros ; on sera loin du compte cette fois-ci : Alstom a moins d'argent », analyse Jacques Rambur.

Branche transports

Le climat social semble moins morose dans la branche transports, celle des TGV. A Belfort, celle-ci a évité par deux fois les licenciements secs, en 2000, puis ces derniers mois, où était annoncé un sureffectif de 295 personnes. Les mesures d'âge ont constitué une bouée de sauvetage : 70 salariés de 55 ans et plus ont bénéficié d'un accord de portage jusqu'à la retraite. S'y sont ajoutées des démissions et mutations. Enfin, 120 ingénieurs et Etam seront soumis au régime du chômage partiel, en attendant la remontée des charges de travail, courant 2005, grâce aux nouveaux contrats de locomotives avec la SNCF et la RATP. Alstom Transports doit surtout gérer le caractère cyclique de son activité. La branche énergie, à l'inverse, suscite des inquiétudes de fond quant à son avenir, malgré les interventions de Nicolas Sarkozy à Bruxelles.

Des effectifs peau de chagrin

Alstom employait 9 000 salariés à Belfort à la fin des années 1970. A l'issue du plan de restructuration en cours, il devrait en rester à peine 2 500 en direct.

La branche transports a stabilisé, pour l'heure, ses effectifs à 670.

Alstom Power, la branche énergie, va fondre à moins de 1 400 personnes, dont 600 à la production des turbines-vapeur, des gros alternateurs et machines électriques, le reste se répartissant entre l'hydraulique, l'ingénierie et les services.

La société MSA (filiale spécialiste des fils supraconducteurs) forme l'essentiel des effectifs restants.