A la fin de ce mois de juin, la mine d'or de Salsigne, dans l'Aude, fermera définitivement. Connue pour être l'un des sites de France les plus pollués, notamment par de l'arsenic, la mine de Salsigne est aussi la dernière mine d'or d'Europe. C'est une longue page d'histoire, marquée par de nombreuses grèves, qui se referme douloureusement pour les 171 salariés encore en activité. Ce gisement de la montagne noire audoise a été exploité de manière intermittente depuis deux mille ans, d'abord pour le fer, puis pour l'arsenic et, enfin, pour l'or, depuis 1892.

La période de prospérité des mineurs de Salsigne s'est achevée avec la baisse du cours de l'or en 1952 et l'apparition des premiers plans sociaux qui se soldèrent par le licenciement de plus de 70 % des salariés. Peu rentable, la mine a changé plusieurs fois de propriétaires. Pour soutenir l'un des rares pôles d'activité du département, l'Etat en a pris le contrôle, de 1980 à 1992, avant de la revendre à des Australiens. Confrontés à des coûts d'extraction élevés, ces derniers ont conclu un accord avec l'Etat sur la fermeture de la mine, celui-ci s'engageant à financer la moitié des coûts de réhabilitation du site minier.

Côté salariés, les négociations entre partenaires sociaux traînent et le plan social n'est pas encore bouclé. D'ores et déjà, quelques certitudes sont acquises : « Nous avons obtenu des mesures d'âge intéressantes. Tous les salariés ayant cumulé 120 trimestres de cotisations, soit trente ans, pourront partir à la retraite quel que soit leur âge, déclare Freddy Forato, responsable du syndicat majoritaire CGT. Moi, par exemple, je vais partir à 48 ans. C'est jeune, mais quelles chances ai-je de retrouver du travail dans ce département sinistré ? A la retraite, je toucherai 1 280 euros par mois. »

Certains partiront même à 46 ans. La moyenne d'âge des mineurs est de 42 ans et environ la moitié des salariés sont concernés par cette mesure. Pour l'instant, les discussions achoppent sur les indemnités, l'enveloppe globale de 2,6 millions d'euros étant jugée insuffisante par les syndicats. Six salariés ont trouvé du travail et ont déjà quitté la mine, mais il est prévu qu'ils bénéficient des mêmes indemnités que leurs collègues (environ 15 200 euros).

Certaines personnes ont commencé à suivre des formations en agriculture ou ont passé des certifications pour pouvoir conduire des engins de chantier. Le premier plan de formation s'élevait à 609 849 euros en 2003 et a été reconduit pour cette année. En perdant leur emploi, les mineurs vont également perdre leurs avantages sociaux : Sécurité sociale à 100 % et indemnités de chauffage (120 euros par mois), mais aussi une camaraderie qui leur permettait de supporter de difficiles conditions de travail.