E & C : Revue économique, la Revue de l'OFCE de juillet 2004* est entièrement consacrée au travail des femmes et aux inégalités. Pourquoi ?

F. M. : Pour deux raisons. D'abord, parce que l'analyse des discriminations dont les femmes font l'objet est complexe, couvre un champ très vaste et ne peut se réduire au seul domaine économique. C'est pourquoi nous avons choisi de faire appel à de multiples compétences : économistes, bien sûr, mais aussi sociologues et juristes. Deuxième raison : l'une des missions de l'OFCE est de réfléchir à l'efficacité des politiques publiques, donc, en particulier, à celles mises en oeuvre pour lutter contre les inégalités entre les femmes et les hommes. Ce numéro contient, ainsi, des analyses des politiques de garde d'enfants, des effets du congé parental, de la stratégie européenne pour l'emploi, etc. J'ajoute que les treize articles ne reflètent pas une pensée unique mais ouvrent des débats, notamment sur l'analyse des discriminations et sur les choix des politiques publiques.

E & C : Quelles suites attendez-vous de cette publication ?

F. M. : Le but de l'OFCE est d'éclairer les politiques publiques. Dans cet ouvrage, nous expliquons pourquoi il faudrait accentuer la lutte contre les discriminations au travail. Nous soulignons, aussi, la nécessité de mener des politiques cohérentes ; or, actuellement, à côté de mesures en faveur de l'égalité, existent celles de désincitation au travail féminin, comme, par exemple, le congé parental. Nous nous attachons, enfin, à montrer que l'objectif de l'égalité entre les femmes et les hommes devrait traverser toutes les politiques publiques : toute réforme devrait être évaluée au regard de son impact sur les femmes. Par exemple, la réforme des retraites, en allongeant la durée de cotisation, pénalise particulièrement les femmes qui ont eu des carrières discontinues.