logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

SANS

Les pratiques de cent entreprises à la loupe

SANS | publié le : 08.06.2004 |

La juxtaposition de deux études, menées toutes deux fin 2003, permet de tracer un portrait des pratiques et des attentes en matière de e-formation dans une centaine d'entreprises françaises, surtout les plus grandes.

D'un côté, l'étude menée par l'Ofem et Le Préau (1). De l'autre, celle réalisée par CybEOsphere, elearnactu.com et Perspective 123 (2). La lecture comparée de ces enquêtes donne une image des pratiques et intentions des entreprises françaises en matière de e-learning. Leur point commun : une centaine de réponses d'entreprises utilisatrices de e-formation (alors que l'Ofem avait contacté 5 000 entreprises). L'échantillon est modeste, mais donne, ainsi, une résonance comparable aux deux enquêtes.

Fortes attentes

Ces travaux révèlent que le test du e-learning a été récent dans la majorité des entreprises répondantes, mais que des caractéristiques nettes se dessinent déjà : fortes attentes en matière de formation métiers, concentration de la consommation de e-formation par certaines populations, enjeu de professionnalisation des formateurs-tuteurs.

1- Une expérimentation fréquente, mais assez récente

Selon l'étude CybEOsphere-elearnactu, 67 % des entreprises interrogées ont déjà expérimenté le e-learning à travers une plate-forme de formation à distance (41 %), un intranet de formation (30 %) et un CD-Rom (29 %). Sur les 33 % des entreprises à ne pas encore avoir expérimenté le e-learning, la majorité (79 %) comptent le faire. Dans certains cas, leurs projets sont à court terme (52 % pensent l'expérimenter avant six mois), mais 36 % ne comptent pas s'y engager avant un an.

En revanche, information importante, 21 % des grandes entreprises interrogées n'ont toujours pas l'intention d'y recourir.

A ces constats, l'étude Ofem-Le Préau en ajoute d'autres. La mise en place de la e-formation reste un phénomène récent pour la plupart des sociétés, car 71 % des entreprises utilisatrices ont commencé l'expérience entre 2000 et 2003. Seules 19 % l'avaient entamée avant 1997.

Entreprises multisites

La e-formation s'adresse toujours principalement à des entreprises multisites, mais elle s'étend de plus en plus dans les entreprises monosites (24 % contre 16 % en 2002 et 7,5 % en 2001) ; 37 % des entreprises utilisatrices ont une dimension internationale, contre 63 % à vocation nationale. « Cette inversion de tendance s'explique principalement par la diffusion des pratiques de la e-formation dans les PME/PMI », analysent l'Ofem et Le Préau. Car, si la e-formation concerne, pour une large part, les grandes entreprises (41 %), elle est de plus en plus utilisée dans celles de moins de 50 salariés (24 %).

La e-formation est principalement dispensée sur le poste de travail (50 %) ou en un lieu dédié dans l'entreprise (41 %), rarement à l'extérieur. Les formations à distance sont complémentaires du présentiel, car, dans 40 % des e-formations, le présentiel représente plus de 50 % du temps ou du cursus.

L. G

A l'inverse, les entreprises qui ne pratiquent pas la e-formation mettent en avant le manque d'information, ainsi qu'une offre jugée peu développée à ce jour. Les obstacles techniques et logistiques sont moins cités, ce qui n'était pas le cas un an plus tôt.

2 - Des publics privilégiés

Selon l'étude Ofem-Le Préau, la consommation de e-formation est déjà assez typée. Tout d'abord, elle n'est pas encore massive, puisque près de la moitié des entreprises utilisatrices de e-formation déclarent, ainsi, former jusqu'à 10 % de leurs salariés. Et 29 % de ces entreprises disent former moins de 5 % de leurs salariés via cette méthode.

Par ailleurs, les publics auxquels est principalement destinée la e-formation sont les cadres intermédiaires (33 %) et les personnels administratifs (29 %). Les managers/décideurs occupent une position moyenne (27 %), devant les commerciaux (22 %).

En revanche, les personnels de production sont les moins fréquemment cités (8 %).

« Les pratiques de la e-formation se diffusant progressivement vers les entreprises de moindre dimension, il n'est pas étonnant que celles-ci s'adressent, désormais, également à l'encadrement : managers/décideurs et cadres intermédiaires », analysent l'Ofem et le Préau.

3 - La bureautique, premier domaine de e-formation

Selon l'étude Ofem-Le Préau, si la e-formation reste utilisée, comme en 2002, dans des domaines facilement transférables comme la bureautique, les langues et l'informatique, son usage s'est largement ouvert, en 2003, aux autres domaines : le management, la remise à niveau, puis la comptabilité, la qualité, le commerce.

4 - Un financement encore modeste

Selon l'étude Ofem-Le Préau, le budget de la e-formation représente encore une goutte d'eau dans l'ensemble du budget formation, puisque, dans 75 % des cas, il est inférieur ou égal à 5 %, mais il a tendance à croître dans 60 % des cas.

5 - La moitié des entreprises ont une équipe de tuteurs intégrée

Selon l'étude CybEOsphere-elearnactu, dans la plupart des entreprises (61 %), cette équipe va de 1 à 5 tuteurs ; 21 % des entreprises interrogés ont une équipe de plus de 10 tuteurs.

Pourtant, bien que 51 % des entreprises n'en aient pas, 97 % d'entre elles pensent que les stagiaires doivent être encadrés par des tuteurs, car leur rôle dans un environnement d'apprentissage est indéniable pour échanger (17 %), pour suivre les stagiaires dans leur parcours pédagogique (16 %), pour motiver (15 %), pour conseiller (15 %), pour aider les apprenants peu autonomes à gérer leur formation (15 %). En revanche, l'évaluation ne semble pas être une motivation importante du recours au tuteur, seules 10 % des entreprises mettent ce point en avant.

Selon l'étude Ofem-Le Préau, le tutorat est pratiqué dans 80 % des cas de e-formation.

6 - Les formateurs doivent être formés au tutorat à distance

D'après l'étude CybEOsphere-elearnactu, en matière de formation des formateurs, le tutorat à distance ne s'improvise pas, puisque 91 % des entreprises pensent que les formateurs doivent être formés au tutorat à distance. La principale raison qui se dégage (28 %) est la maîtrise de la technologie (plate-forme, outil collaboratif...). Les autres raisons sont le fait de reconsidérer son scénario pédagogique (26 %), d'apprendre un nouveau métier (24 %), et que cela est nécessaire pour modifier et adapter ses supports de cours (22 %).

Point d'optimisme : 80 % des entreprises interrogées pensent qu'un formateur "traditionnel'' peut devenir un tuteur en ligne.

7 - Les entreprises veulent développer leurs propres contenus en interne

Selon l'étude Ofem-Le Préau, le lieu de conception des contenus est l'interne (42 %), l'extérieur (32 %) ou mixe les deux (26 %). Et, en termes d'outillage, le dispositif technique est le plus souvent (80 %) intégré à l'entreprise, et plutôt acheté clés en main (pour 64 % des entreprises) que développé en interne (36 % des entreprises).

Mais l'étude CybEOsphere-elearnactu affirme que 83 % des entreprises interrogées voudraient développer leurs propres contenus de formation en ligne. Viennent très largement en tête les contenus spécifiques métiers (pour 61 % des entreprises) ; suivent la bureautique (14 %), les langues (8 %) et autres (17 %).

Surtout, 82 % d'entre elles souhaiteraient développer ces contenus en interne, pour, principalement, pouvoir modifier à tout moment les contenus qui seront intégrés sur la plate-forme (46 %), pour maîtriser les coûts (24 %), pour préserver la confidentialité des informations (18 %) et pour gagner du temps (13 %).

A l'inverse, les 18 % d'entreprises qui souhaitent sous-traiter le développement de contenus estiment qu'elles n'ont ni le temps (40 %), ni les compétences (37 %), ni l'équipement technique (23 %) pour le faire.

8 - La majorité des entreprises pensent que leurs pédagogues auraient besoin d'être formés à la conception et à la médiatisation de contenus de formation en ligne

En matière de production de contenus et de formations en ligne, les entreprises semblent juger que c'est un métier spécifique, puisque 66 % d'entre elles estiment que les pédagogues ont besoin d'être formés. Mais le fait qu'un tiers des entreprises pensent encore l'inverse montre que ce point n'est pas, pour l'heure, totalement tranché.

Comment former les formateurs à cette nouvelle tâche ? Suivant une certaine logique, 71 % des entreprises seraient prêtes à le faire. Mais, là encore, le fait qu'un petit tiers des entreprises pensent l'inverse montre que ce point non plus n'est pas, pour l'heure, totalement tranché.

9 - L'avenir de la e-formation sera positif

Selon l'étude Ofem-Le Préau, les nécessités d'adaptation conduisent les entreprises à envisager un développement de la e-formation. Celui-ci ne pourra se faire que grâce à un accroissement de l'offre (de contenus en particulier) dans une perspective de partage des connaissances. Pour ce faire, une évolution des mentalités est néanmoins nécessaire.

En termes d'évolutions organisationnelles, la majorité des répondants (66 %) prévoient davantage de formation à distance, dans les PME comme dans les grandes entreprises.

De leur côté, CybEOsphère et elearnactu se veulent également optimistes sur l'avenir de la e-formation, « puisque, sur les 33 % d'entreprises à ne l'avoir jamais expérimentée, plus de la moitié souhaitent le faire dans les six mois qui viennent ».

Pour autant, les points à débloquer ne manquent pas : professionalisation des formateurs "traditionnels" et création d'une nouvelle philosophie et pratique de l'encadrement des apprenants.

(1) Les entreprises et la e-formation en France, baromètre 2003, par l'Ofem (Observatoire de la formation, de l'emploi et des métiers) et Le Préau, services de la CCIP, pour la troisième année consécutive. Enquête réalisée, via Internet, de septembre à décembre 2003 auprès de 5 100 entreprises en France ; 261 ont répondu, parmi lesquelles 105 pratiquent la e-formation.

(2) Enquête sur la situation de la formation de formateurs et les besoins des acteurs concernés, notamment en termes de tutorat à distance et de conception de contenus de formation en ligne. Réalisée au cours du 3e trimestre 2003 auprès de DRH, responsables de formation, chefs de projets e-learning, formateurs et consultants de grandes entreprises françaises et organismes de formation ; 106 entreprises ont répondu.

Articles les plus lus