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Un autodiagnostic du stress organisationnel

SANS | publié le : 01.06.2004 |

Le Centre des jeunes dirigeants (CJD) de Paca développe un outil d'autodiagnostic organisationnel qu'il a expérimenté auprès de neuf de ses entreprises adhérentes.

« Dans l'entreprise, le stress, au sens où il est ressenti comme une souffrance, engendre un risque de baisse de productivité, d'absentéisme et de turn-over. Du coup, l'organisation devient moins performante. C'est pourquoi les dirigeants peuvent être réceptifs à l'idée d'un autodiagnotic » : Thierry Carnazza, président du Centre des jeunes dirigeants de Paca (CJD), est convaincu.

Trois ans de réflexion

Son organisation, qui réfléchit à cette problématique depuis trois ans, s'apprête à diffuser un outil d'autodiagnostic testé auprès de neuf entreprises de la région, adhérentes du CJD, élaboré par Codesis, un petit cabinet marseillais de conseil en organisation.

Dans un premier temps, une trentaine de dirigeants et de collaborateurs de la direction de quinze entreprises ont accepté de participer à des entretiens non directifs. Ils ont, ainsi, défini leur propre perception du stress, estimé la prise en considération de ce phénomène dans leur entreprise et fait le point sur ce qui est tenté pour le diminuer.

Le panel des entreprises sélectionnées est représentatif de l'activité économique de la région et des 220 adhérents du CJD Paca : figurent le site d'une multinationale, la direction régionale d'une entreprise nationale, trois entreprises régionales de plus de 300 personnes, deux entreprises industrielles et huit PME de services. Elles font partie de secteurs d'activité divers : textile, logistique, nettoyage industriel, maintenance, immobilier, finance, télécoms ou encore communication.

En expérimentation

A partir de cette première étude sur les sources de stress, Codesis a mis au point un support d'autodiagnostic que neuf des quinze entreprises ont accepté d'expérimenter. « L'outil passe en revue les différents aspects de l'organisation de l'entreprise, explique sa dirigeante, Marie-Claude Sarkissian. Chaque aspect est questionné de la même manière : analyse du réel, mesure de l'écart par rapport à l'objectif vers lequel l'entreprise veut tendre, identification des dysfonctionnements, actions à entreprendre pour améliorer les conditions de travail et optimiser la productivité. » Analyse de l'activité, définition et qualité des objectifs, modes de management, délégation et contrôles, communication et circulation de l'information, réunions, définitions de poste, procédures, équité de traitement et reconnaissance des collaborateurs, entretien annuel, recrutement et intégration d'un collaborateur : au total, 11 thèmes sont soumis à la réfle- xion du dirigeant sous la forme d'une quinzaine de fiches papier ou sur fichier informatique Word, que le dirigeant peut remplir seul ou avec sa DRH, ou encore avec les cadres dirigeants de son entreprise.

« Le contenu reste totalement confidentiel. Je n'y ai pas accès, sauf si le dirigeant me le demande. Tous ont reconnu les effets positifs de cet outil en tant qu'aide à se structurer, base de discussion et d'amélioration de la communication », précise Marie-Claude Sarkissian.

Diffusion nationale de l'outil

Prochaine étape : « Diffuser cet outil à tous les jeunes dirigeants de France, via notre structure nationale, dans le cadre d'une formation de deux jours axée sur la prévention du stress au travail que nous sommes en train d'élaborer », explique Thierry Carnazza. Le Centre des jeunes dirigeants de Paca et Codesis envisagent, également, de développer cet outil sur CD-Rom, pour permettre à l'entreprise de renouveler l'autodiagnostic à chaque fois que ses orientations et son organisation évoluent. Deux nouvelles versions adaptées l'une au management, l'autre aux salariés, pourraient aussi voir le jour.

Midi-Pyrénées : l'expertise pluridisciplinaire d'Acthea pour mesurer le stress

Ils se sont baptisés Acthea. Médecin ou psychologue du travail, ergonome, relaxologue, sociologue, psychoclinicien..., ils sont douze spécialistes du travail et de la santé réunis dans un groupe dont l'objet est d'intervenir dans des entreprises prêtes à être "auditées" et à rechercher des solutions pour remédier aux phénomènes de stress et de souffrance au travail.

Exemple dans un hôpital psychiatrique, qui emploie 900 personnes sur 7 sites dans la région toulousaine : « On constate un très fort taux d'absentéisme, de nombreux arrêts de travail, explique Jean-Gilbert Blanc, psychologue du travail et collaborateur de la Caisse régionale d'assurance maladie de Midi-Pyrénées. Des psychologues du travail et des cliniciens ont mené des entretiens semi-directifs axés, pour les premiers, sur l'organisation, et pour les seconds, sur le ressenti et le vécu. Puis un questionnaire, élaboré en commission par le CHSCT, validé par l'UFR de psychologie du travail de l'université du Mirail à Toulouse et testé auprès d'un échantillon de salariés, a été adressé au personnel, avec un taux de réponse satisfaisant de 56 %. A partir de ses résultats, qui révèlent que plus de la moitié des salariés s'estiment stressés, nous avons organisé des ateliers de sophrologie et de relaxation dans les locaux de l'hôpital et une formation de deux jours sur la définition du stress, ouverte, par petits groupes, aux représentants du personnel, aux infirmiers psychiatriques, aux médecins psychiatres et aux cadres administratifs. »

L'étape suivante démarrera en septembre prochain. Il s'agira de former à l'analyse de postes, dans le cadre de l'évaluation des risques, des personnes ressources qui seront assistées d'ergonomes. Objectif : créer des tableaux de bord comportant des indicateurs de mesure du stress comme l'absentéisme, le turn-over ou les conflits.

En deux ans, Acthea est intervenu dans neuf entreprises. Dix autres sont actuellement engagées dans la démarche et une dizaine encore ont formulé une demande similaire. Toutes sont de grosses entreprises et appartiennent aux secteurs de l'industrie chimique, du bâtiment et de la santé. EDF, pour ses ingénieurs d'affaires, et France Télécom, pour ses responsables de projet, ont également fait appel aux spécialistes d'Acthea. Jusqu'alors financées par la Cram Midi-Pyrénées, les interventions du groupe vont, désormais, être facturées aux entreprises. « Car celui qui ne paie pas ne s'investit pas », remarque Jean-Gilbert Blanc.