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Trois accords signés pour réduire la casse sociale

SANS | publié le : 01.06.2004 |

Alors que la fusion du Crédit Lyonnais et du Crédit agricole entre dans une phase délicate, l'engagement de ne procéder à aucun licenciement et les moyens alloués à la restructuration permettent d'en limiter les effets négatifs.

Un an après l'autorisation du Conseil d'Etat de rapprocher le Crédit Lyonnais et le Crédit agricole, la fusion entre dans sa phase la plus délicate socialement : celle des mouvements de personnels. Environ 5 000 salariés devraient connaître une mobilité interne (géographique et/ou juridique). Au minimum 2 800 devront partir. La banque a, en effet, promis aux marchés financiers de réaliser 760 millions d'euros d'économies, notamment par la suppression de 4 600 emplois en deux ans, dont 2 800 en France. Mais elle s'est aussi engagée à ne procéder à aucun licenciement économique et compte sur le volontariat pour réduire ses effectifs.

Un milliard d'euros provisionnés

Cette phase paraît s'engager sous de bons auspices. La DRH a, en effet, balisé le terrain avec trois accords soutenus par les syndicats. Tant qu'à accepter les suppressions de poste, la plupart ont préféré, pragmatiques, engranger un maximum d'avantages. Et la DRH dispose d'une enveloppe importante qui lui donne des marges de manoeuvre. Un milliard d'euros ont, ainsi, été provisionnés pour financer la restructuration.

Le premier accord, unanime, signé en juillet 2003, crée un cadre pour le dialogue social en instituant les comités de concertation. « Il nous fallait un lieu de discussions au niveau du groupe, et donner aux organisations syndicales issues des deux banques l'occasion de se connaître », explique Jérôme Nanty, directeur des relations sociales du Crédit Lyonnais.

Un volet mobilité

Cet accord a permis d'entrer dans le vif du sujet et d'en signer un second, en janvier, encadrant les transferts d'activités. Il contient, notamment, un volet sur la mobilité géographique des salariés d'Ile-de-France : prime de transfert, prise en charge du surcoût des frais de transports en commun et de garde d'enfants, aides au déménagement. « Afin que les salariés n'acceptent pas un temps de transport trop important, nous n'avons pas voulu imputer le temps de trajet sur le temps de travail », explique Jérôme Nanty.

Là encore, les cinq confédérations ont suivi. La CFDT, d'abord opposée, car souhaitant que les transferts se fassent sur la base du volontariat, a fini, tout récemment, par apposer sa signature, mais au prix de tiraillements internes. « La CFDT du Lyonnais est toujours opposée à cet accord, mais celle du Crédit agricole a été mandatée par la fédération pour le signer », regrette Laurent Venet, délégué national de la CFDT du Lyonnais.

Le troisième accord, signé en mars, porte sur la politique de l'emploi. Il n'a été soutenu, cette fois, ni par la CFDT ni par la CGT. Mais, pour cette dernière, uniquement en raison du volet sur la mobilité externe. Il contient donc trois options principales : mobilité interne, partage du temps de travail, mobilité externe. Elles sont complétée par un dispositif de préretraite maison. Par ailleurs, il crée un outil, l'Espace mobilité, pour conseiller les salariés, aussi bien sur la mobilité interne qu'externe. L'Espace est composé d'une vingtaine de spécialistes des RH, issus du Crédit agricole.

Choix d'avantages

Chacune des options est assortie d'avantages entre lesquels les salariés devront choisir. Ceux qui opteront pour la mobilité interne bénéficieront des aides à la mobilité géographique prévues dans l'accord de janvier, d'une reprise de l'ancienneté et d'une garantie de rémunération. Ceux qui choisiront le temps de travail partagé entreront dans un dispositif de congé longue durée aidé (six mois de salaire pour un congé de deux ans), ou de temps partiel aidé (compensation dégressive, sur trois ans, du manque à gagner, et indemnité de passage à temps partiel). Enfin, la mobilité externe est assortie d'une indemnité de départ (jusqu'à deux mois de salaire par année d'ancienneté), d'une compensation de l'écart entre l'ancien et le nouveau salaire, d'une indemnité de 15 000 euros pour les créateurs d'entreprise, de formation, de conseils du cabinet d'outplacement BPI.

Mobilité externe raisonnable

Comment les salariés arbitreront-ils entre ces options ? Selon les premières statistiques fournies par l'Espace mobilité, un mois et demi après son ouverture et alors que 1 200 salariés ont pris rendez-vous : 40 % visent un reclassement interne ; 40 % un reclassement externe ; et 20 % viennent sans a priori. « Ce résultat est plutôt satisfaisant, car la mobilité externe atteint des proportions raisonnables », déclare Jérôme Nanty. Les conditions avantageuses dont elle est assortie peuvent, en effet, laisser craindre une hémorragie de compétences qui ne serait pas forcément pour déplaire aux marchés, mais réduirait les capacités productives de la banque.

« Lors des autres plans sociaux, ceux qui partaient étaient les salariés faiblement qualifiés, alors que là, ce sont les spécialistes », s'inquiète Fernand Vidis, délégué central SNB (CFE-CGC). De son côté, Sébastien Busiris, de FO, estime que les 2 800 postes devraient être supprimés, pour un tiers, par mobilité externe ; le reste étant absorbé par les mesures de temps partagé. Enfin, Jérôme Nanty juge que la mobilité externe devrait être "résiduelle".

CRÉDIT AGRICOLE CRÉDIT LYONNAIS (MONDE)

Effectifs après fusion (hors caisses régionales) : 63 000, dont 25 000 au Crédit Lyonnais et 38 000 au Crédit agricole SA.

> Chiffre d'affaires après fusion : 12,721 milliards d'euros.