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Les restructurations ont un effet amplificateur certain

SANS | publié le : 01.06.2004 |

E & C : Les médecins du travail prennent-ils en compte le stress dans l'entreprise, et comment l'identifient-ils ?

M.-C. S. : Chronologiquement, médecins et inspecteurs du travail sont arrivés à l'étude du stress en entreprise par le biais du harcèlement moral, avec le livre de Marie-France Hirrigoyen, paru en 1998. On ne parlait, alors, que du "bon stress".

Ensuite, la loi de modernisation sociale, précisant la notion de santé "physique et mentale", et le document unique sur l'évaluation des risques ont assuré une meilleure visibilité des facteurs psychosociologiques.

Enfin, l'accélération des restructurations a, sans doute, multiplié les cas. Dans ma consultation de pathologie professionnelle à Garches, beaucoup de patients ont subi, dans leur entreprise, des phases de fusions et d'absorptions.

Quant au tableau clinique, il a commencé avec la description de symptômes du type stress post-traumatique, liés à des cas de harcèlement moral. Il est, aujourd'hui, plus large, rassemblant aussi les troubles de l'adaptation avec des syndromes anxieux, d'une part : troubles du sommeil, anxiété, pathologies cardio-vasculaires et troubles musculo-squelettiques par somatisation ; et avec la sphère dépressive réactionnelle, d'autre part : c'est le cas du salarié qui "craque" par une dépression.

Au pire, on pourrait voir apparaître des cas de "karoshi", comme au Japon. Ils sont provoqués, là-bas, par des temps de travail très excessifs ; ils pourraient l'être, chez nous, par une surcharge liée à des objectifs irréalisables.

E & C : Quels sont les moyens à disposition des médecins et des inspecteurs du travail dans de tels cas ?

M.-C. S. : L'inscription en maladie professionnelle est rare, mais existe. Avec une stabilisation du tableau clinique conduisant à une incapacité permanente partielle (IPP) de plus de 25 %, le cas est examiné par une commission régionale qui peut confirmer la maladie professionnelle.

Il existe quelques cas aujourd'hui. Ce qui permet, notamment, une prise en charge plus importante et une obligation de reclassement pour l'employeur.

L'extension de la jurisprudence sur les accidents du travail permet également une action, si un fait subi par le salarié est avéré, à travers des indicateurs objectifs de souffrance au travail. Nous recommandons aux médecins du travail d'utiliser cette procédure.