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Fumigations et larvicides

SANS | publié le : 01.06.2004 |

Collectivités territoriales.

On n'y pense pas forcément assez, mais là aussi, chacun cherche le Graal d'un management efficace. C'est qu'il faut faire face à de multiples réformes, à des « redistributions de compétences » (c'est comme ça qu'on dit quand on essaie de refiler à une autre institution une charge peu gratifiante, budgétairement assassine, et électoralement toxique...).

Bref, la vie n'est pas simple pour les responsables de service, coincés entre les élus, les électeurs et leurs propres équipes.

Je dis quelquefois que les managers dans les entreprises internationales de produits grand public sont écrasés, entre « la veuve de Miami », assoiffée de dividendes, et « la ménagère de 50 ans », sursollicitée par une offre scintillante, séduite par tous les moyens pour trouver une petite place dans son chariot hebdomadaire.

Que dire, alors, de ce "directeur adjoint des services", inquiété à chaque élection, soumis aux caprices des élus et contourné par eux à toute occasion, de surcroît peu armé face à une partie de ses équipes (heureusement minoritaire. Le pire n'est jamais certain) plus animée par la défense du service public que préoccupée par la qualité de service au public...

C'est comme ça.

Il s'en plaint à peine. Il l'évoque quand même, histoire de partager un peu de détresse. Et, peut-être, de trouver une astuce, quelque chose pour remobiliser des équipes enkystées dans des habitudes et peu attirées par le changement ?

Ecoutons-le.

« Je me cogne à des obstacles multiples et compliqués. Les projets, bien sûr, trop souvent fumeux et réfléchis en fonction de la prochaine échéance électorale. Bon, ça, c'est le jeu. On appelle ça la démocratie. Je m'y plie, faute de mieux. Et, dans la plupart des cas, il faut bien dire qu'on arrive finalement à des compromis astucieux. »

Ouf. J'ai eu peur d'avoir à faire à un factieux. Non, c'est juste un citoyen attentif et exigeant. Ecoutons la suite.

« Mais les équipes dans le service, là, c'est autrement rude. Deux types de naufrageurs : les planqués du système, peu nombreux, mais indélogeables. Je manque d'un larvicide pour les sortir de leur trou. Ils me rongent la qualité de service par l'intérieur, sans bruit, mais en continu. Harassant.

Et les bavards dangereux. Ils me piratent les projets depuis l'extérieur. Et là, il me faudrait la fumigation, qui va bien pour les endormir et les empêcher de nuire. Bref, ça devient difficile de faire avancer les choses en restant dans du "management bio", genre écoute, partage, et plus si affinités, bref, toutes vos histoires de spécialiste du management. Vous voyez ce que je veux dire... ? »

Oh, je vois très bien ! Et que celui qui n'a jamais eu envie de carboniser les larves et d'assommer les bavards lui jette la première pierre.

A mon avis, il n'est pas encore lapidé...

Mais il n'empêche : le management commence par l'affirmation solennelle de ne pas utiliser les toxiques les plus tentants, même avec les équipes les plus difficiles. Pas par vertu, mais par précaution. Dans ce type de guerre chimique, il arrive que le vent tourne... Et alors là, on regrette...