Les intérimaires cumulent les handicaps en matière de professionnalisation : ils sont rarement prêts à s'engager dans un contrat d'alternance de deux ans, car il leur est difficile de se projeter au-delà d'un an ; les formations courtes ne sont pas aisément capitalisables pour obtenir un diplôme qualifiant ; et l'accumulation de missions temporaires ne suffit pas toujours à postuler à la VAE, même avec les trois ans requis.

L'objectif de Pass compétences intérim, expérimenté depuis septembre 2002 en Alsace et en Franche-Comté, mais dont un premier bilan n'a été fait qu'il y a quelques semaines, est l'obtention de qualifications professionnelles reconnues, principalement dans les secteurs du bâtiment (maçon, agent d'entretien de bâtiment, installateur plombier-chauffagiste, plaquiste, peintre...), de l'industrie (plasturgie, tourneur, fraiseur, électricien, agent de fabrication industrielle...) et du tertiaire (métiers de la restauration...). L'Afpa a été choisie comme partenaire pédagogique, car elle forme aux titres du ministère du Travail.

L'entrée dans un Pass compétences intérim peut se faire soit sur proposition d'une entreprise utilisatrice, soit sur celle de l'agence d'intérim, soit, encore, sur demande de l'intérimaire lui-même, explique Marc Poncin, chargé de mission formation chez Adecco Est. La formation se déroule par modules d'une semaine. L'entreprise partenaire choisit les modules auxquels elle souhaite participer sans être obligée de s'impliquer sur l'ensemble de la formation. Au fur et à mesure de l'avancement du parcours, l'Afpa délivre les attestations de réalisation des séquences de formation et valide, ainsi, les compétences maîtrisées, qui sont recensées dans un livret individuel*.

Ce dispositif s'inscrit dans le projet européen Equal, nommé Paquitte (Parcours qualifiant itératif pour les travailleurs temporaires). Do- tée, sur la période 2002-2005, d'un budget initial de 1,3 million d'euros en Franche-Comté et d'environ 1,6 million d'euros en Alsace, l'expérimentation est financée à 50 % par le FSE, à 30 % par Adecco, qui assure la rémunération des stagiaires sur son budget formation, et à 20 % par l'Afpa. Une rallonge budgétaire globale d'environ 650 000 euros est prévue en Franche-Comté.

Près de 120 intérimaires ont, à ce jour, bénéficié de l'expérimentation. 10 % d'entre eux sont allés au bout du processus et ont décroché un titre Afpa. Certains ont abandonné en cours de route, du fait qu'ils ont été embauchés en CDI. Le dispositif sera étendu, cette année, à la Bourgogne, à la Lorraine et au Massif central.