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Sécuriser l'expatriation dans un monde plus risqué

SANS | publié le : 25.05.2004 |

Assurer la sécurité sanitaire et physique des expatriés est devenu une des priorités des entreprises multinationales. Les dispositifs déployés par les entreprises et l'offre de prestataires spécialisés s'étoffent depuis quelques années.

Attentat du World trade center, guerre en Irak, affrontements armés en Côte-d'Ivoire, sans compter l'épidémie de Sras... Le monde, terrain de jeu des expatriés, connaît une « phase d'aggravation de l'insécurité », selon Michel Roussin, vice-président du groupe Bolloré et du Medef international, interrogé lors du salon Avenir-Expat, le 13 mai dernier. Pour le Quai d'Orsay, une quarantaine de pays sont estimés à risque. « Mais on ne peut plus faire, aujourd'hui, une analyse par zones précises, par organisations identifiées, ajoute Michel Roussin. La menace est devenue plus diffuse et oblige à une approche globale de la sécurité. »

Entreprises responsables

Pourtant, des milliers de salariés continuent de partir dans des pays à risque, parfois avec leur famille, pour le compte d'une entreprise hexagonale. Et il n'est pas question, pour l'employeur, de se désintéresser de leur sécurité sanitaire et physique.

En mai 2002, un attentat contre un car de la Direction des constructions navales (DCN), à Karachi, faisait 14 morts, dont 11 civils français. La direction de l'entreprise, qui, pourtant, ne négligeait pas la sécurité, aurait dû en faire plus, a jugé le tribunal administratif de Saint-Lo, en janvier dernier, la condamnant pour "faute inexcusable". Dans le domaine des risques santé/sécurité en général, la jurisprudence a fait évoluer le cadre juridique autour de l'article L.230-2 du Code du travail, qui oblige l'employeur à prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé des travailleurs. C'est, désormais, une présomption de responsabilité qui pèse, en la matière, sur l'employeur.

Attractivité

Au-delà des évolutions de la jurisprudence, bon nombre d'entreprises considèrent, d'ailleurs, qu'il en va de leur responsabilité sociale, et de leur attractivité. D'autre part, la professionnalisation croissante de la gestion de la mobilité internationale laisse moins de place à la négociation individuelle, qui pouvait être la règle à l'époque des « baroudeurs à l'international ». Plus question de négocier des packages de rémunération qui pouvaient inclure une forme de prime de risque. La sécurité fait, désormais, l'objet d'une politique globale de l'expatriation.

Typologie des risques

« C'est l'un des points sur lesquels les entreprises ont le plus travaillé ces derniers mois, opine Yves Girouard, président du Cercle Magellan, qui rassemble les employeurs qui expatrient le plus (lire aussi Entreprise & Carrières n° 707). Une dizaine d'entreprises participent, au sein du Cercle, à une commission "risques/sécurité". Elles dressent une typologie des risques, une check-list des informations néces- saires, en fonction des missions, détaillent les procédures et les audits de sécurité mis en oeuvre chez elles. »

« La problématique sécurité des expatriés est assez récente, explique Jean-Pierre Leseul, directeur de l'agence centrale de sécurité d'Eurocopter. On a découvert le problème avec la guerre du Golfe, en 1991. Dès lors, les spécialistes RH et ceux de la sécurité ont réfléchi ensemble aux moyens de suivre l'évolution des risques dans les différentes zones de présence, de localiser finement et en permanence leurs expatriés, de prévoir des dispositifs d'évacuation si nécessaire. » Pour Eurocopter, qui compte 14 000 salariés et 240 expatriés, avec leurs familles, les bases de données en temps réel s'étendent aussi à tous les collaborateurs en "business trip". Pour les familles dans les zones à risque, un point hebdomadaire est fait par la RH et la sécurité. En outre, pour toutes les personnes qui partent, une sensibilisation est réalisée, avec des livrets en plusieurs langues rassemblant des check-lists : interdits ou obligations en vigueur dans le pays, déclarations administratives nécessaires, numéros d'urgence. Pour les pays à risque, s'y adjoignent, notamment, un entretien avec le salarié et une politique logement spécifique.

Sociétés de conseil

Si Eurocopter gère le dossier en interne, beaucoup d'autres font appel à des sociétés de conseil en sécurité, qui se sont multipliées ces dernières années. Parmi les plus connues, les françaises International SOS et Geos, l'américaine Ackerman, la britannique Control Risk. Le leader, International SOS, compte 3 700 collaborateurs et assure une présence dans 70 pays, à travers des bureaux, des centres sanitaires, une cellule "crises et sécurité". Parmi les outils que proposent ces sociétés : une mise à disposition d'informations et des données d'alerte sur leur site, accessibles aux risk managers et responsables de mobilité, ou transférés sur l'intranet des entreprises clientes, à destination des expatriés.

Pour la localisation en temps réel des salariés, la réservation d'un billet d'avion déclenche l'envoi d'un e-mail d'information sur le pays de destination pour le salarié, et informe la cellule mobilité au risque de l'entreprise. « Il lui est, par exemple, possible de savoir, en temps réel, combien elle compte de salariés à l'hôtel Marriott de telle ou telle ville », illustre Stéphane Baj, directeur du développement de International SOS.

Le 11 septembre 2001, certaines sociétés internationales s'étaient rendu compte, avec frayeur, qu'elles ne disposaient pas des informations suffisantes pour localiser immédiatement leurs expatriés à New York.