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« Les salariés méritent des droits et de la considération »

SANS | publié le : 11.05.2004 |

E & C : Vous publiez, aux éditions Ramsay, Carnets d'un inspecteur du travail. Quelles sont les pratiques que vous dénoncez ?

G. F. : Il ne s'agit pas seulement de "dénoncer" les souffrances au travail et le sort fait aux millions de salariés du privé, où les droits élémentaires du travail ne sont, hélas, pas respectés. Il s'agit aussi de valoriser ceux qui travaillent "dur", les vrais héros de notre société, les salariés, ceux qui produisent toutes nos richesses et n'en reçoivent pas la part qu'ils méritent. Qu'est-ce qu'un patron sans salariés ? Rien. Que sont les salariés ? Tout. Ils inventent, ils gèrent, ils créent, ils souffrent, ils sont les meilleurs au monde en gains de productivité. Ils méritent donc bien de vraies 35 heures, de vraies rémunérations (quand le salaire médian, en France, n'est que de 1 400 euros), des droits et de la considération. Mon livre raconte, au travers de dizaines d'anecdotes vécues sur le terrain, lors des visites d'entreprises, les imprécisions des lois, aggravées par la multiplication des infractions des employeurs. Il décrit comment on pourrait vraiment baisser la durée du travail à 35 heures pour tous, dans l'intérêt de l'emploi et de la santé des salariés, comment mieux les protéger des accidents et des maladies et, aussi, comment on pourrait avoir davantage de démocratie sociale.

E & C : Selon vous, quels sont les principaux dysfonctionnements dont souffre l'inspection du travail ?

G. F. : Le plus criant : notre effectif dérisoire ! 427 inspecteurs et 813 contrôleurs pour 1,2 million d'entreprises et 15,7 millions de salariés. Nous sommes moins nombreux qu'au début du XXe siècle et c'est, de toute évidence, un déni politique. Car les millions de salariés qui n'ont ni délégués du personnel ni syndicats ont besoin que les lois de la République soient respectées. Or, plus d'un patron sur deux ne paie pas les heures supplémentaires au taux légal, ce qui est plus qu'un dol, c'est un vol. Pour s'assurer du respect de ces lois, il faudrait au moins doubler le nombre de sections d'inspections du travail...