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« Bien réfléchir aux conséquences de l'outsourcing »

SANS | publié le : 11.05.2004 |

E & C : Pourquoi une entreprise se lance-t-elle dans une externalisation de fonction ?

J. B. : Grosso modo, vous avez trois motivations principales : la réduction des coûts, l'amélioration de la qualité de la prestation et le recentrage sur le coeur de métier. Précisons, d'emblée, que ces objectifs dépendent de l'activité concernée par l'externalisation. Autrement dit, une entreprise qui confie ses services généraux à un prestataire, c'est, bien évidemment, dans un souci d'économie.

En revanche, pour une fonction à plus forte valeur ajoutée, comme les ressources humaines, l'argument portera davantage sur la création de valeur. Le recentrage sur le core business est, quant à lui, davantage un bénéfice indirect de l'outsourcing. Le contexte économique actuel pousse naturellement les directions opérationnelles, dont les RH, à s'interroger sur les possibilités d'externalisation. Reste que certaines fonctions sont structurellement externalisables. Je pense, en particulier, à l'activité nettoyage de bureaux ou, concernant les RH, à la gestion de la paie.

E & C : Quels sont les freins à l'outsourcing ?

J. B. : Par ordre d'importance, je citerai la dépendance vis-à-vis d'un prestataire, la perte de compétences en interne et le risque social. Il faut également savoir que les retours sur investissement attendus ne sont pas à la hauteur des espérances des entreprises. Un processus d'externalisation recouvre, en effet, de nombreux coûts cachés que l'on découvre, généralement, a posteriori. Ceux-ci peuvent représenter jusqu'à 8 % du montant du contrat annuel passé avec le prestataire. Ils portent, principalement, sur le suivi du prestataire et la gestion du transfert de la fonction. Enfin, il faut aussi penser à l'éventuel changement de prestataire, qui est une autre source de dépenses. En règle générale, plus le contrat d'outsourcing est important, plus les gains sont élevés.

E & C : Que conseillez-vous aux entreprises tentées par l'externalisation ?

J. B. : De bien réfléchir aux conséquences d'une telle démarche. Les entreprises n'ont, par exemple, pas assez conscience qu'il est souvent très compliqué de revenir en arrière. Ou alors, au prix d'efforts considérables, qui vont, de fait, annihiler les bénéfices enregistrés par l'opération d'out- sourcing. Il faut donc anticiper et se poser la question suivante : "que faire si ça tourne mal ?".

* Il est également l'auteur de Stratégies d'externalisation, (éditions Dunod, 2e édition, 2004).

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