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Vips parie sur les étrangers

SANS | publié le : 27.04.2004 |

Vips, groupe espagnol de restauration, a élaboré un dispositif de recrutement spécifique pour attirer et sélectionner des candidats dans leur pays d'origine, et utiliser au mieux le système des contingents d'étrangers imposés par le gouvernement.

9 % de ses salariés étaient étrangers en 1999 ; plus de 45 % le sont aujourd'hui : en moins de cinq ans, le groupe espagnol Vips (6 400 personnes), spécialisé dans la restauration, a opéré un virage à 360 degrés dans son recrutement. « Celui-ci résulte d'une nécessité : nous rencontrions un plan de développement ambitieux, mais nous avions un problème pour trouver du personnel car, entre des horaires très spécifiques liés à la restauration, un taux de chômage national en baisse et un niveau de vie maintenant élevé, les gens n'ont guère envie de travailler dans notre secteur », explique Miguel Angel de Andrés, directeur des ressources humaines du groupe Vips. L'entreprise a donc choisi d'utiliser au maximum le potentiel de l'immigration, un phénomène encore inconnu il y a une dizaine d'années mais qui croît rapidement outre-Pyrénées. Cette entreprise atypique, véritable tour de Babel, emploie aujourd'hui des salariés de 85 nationalités différentes.

Adaptation aux lois

Le groupe espagnol utilise, pour embaucher, la voie classique de l'Inem (l'ANPE espagnole) et celle des contingents. « Nous nous sommes adaptés aux changements progressifs des lois », poursuit le DRH. Le groupe a ainsi profité de la grande régularisation, en 2000, des immigrants illégaux en Espagne, en embauchant près de 1 000 étrangers. Il a ensuite suivi la politique des contingents, signés entre l'Espagne et l'Equateur, la Colombie, la Roumanie, la Pologne, le Maroc et la République dominicaine, les régularisations étant dès lors très restreintes. « Nous demandons aux autorités espagnoles, qui établissent chaque année les maxima dans chaque secteur, un nombre précis, et nous nous rendons ensuite dans le pays en question pour faire la sélection », explique Miguel Angel de Andrés. En outre, le groupe Vips propose des contrats à durée indéterminée. 99 % des salariés sont en CDI, une prouesse dans un pays où 30 % des contrats sont précaires. La langue n'est pas un critère pour les dirigeants du groupe espagnol, qui forme les embauchés dans leur pays d'origine.

Personnels qualifiés

La formule semble fonctionner. « Au début, nous avions constaté qu'environ 10 % des recrutés nous utilisaient pour venir en Europe et disparaître avant même de travailler, mais cela n'arrive pratiquement plus », assure le directeur des ressources humaines. Sur le groupe des 120 derniers Marocains, deux seulement sont partis. « Les entreprises et l'Etat espagnol doivent absolument encourager ce type de pratiques car nous amenons des gens qualifiés qui ont du talent ; les contingents devraient être beaucoup plus importants », conclut Miguel Angel de Andrés. D'ici à cinq ans, l'entreprise prévoit que près de 60 % de son personnel sera étranger.