L'Association pour la formation professionnelle des adultes* doit s'adapter, estime son nouveau directeur. Décen- tralisation des financements publics, création du DIF et possible développement d'une demande individuelle, mise en place de l'ANI et de la réforme, croissance globale du marché de la formation dans les années à venir, accentuation de la pression concurrentielle... sont autant de dynamiques qui l'y poussent. Problème : l'écart de prix moyen entre les prestations de l'Afpa et celles du marché serait de l'ordre de 20 %. Un plan de développement, d'adaptation, mais aussi d'économies est donc nécessaire, estime Pierre Boissier.

Ce plan, officiellement présenté cette semaine, comprend trois volets. Premièrement : le renforcement des atouts et de la valeur ajoutée de l'Afpa. La politique de titres Afpa-ministère du Travail, la qualité du suivi en amont et en aval du processus de formation, ainsi que la qualité des placements des personnes formées devront être renforcées. L'Afpa devant penser "développement", 70 postes de "développeurs" devraient être créés, notamment, dans ses antennes locales.

Deuxième axe : l'amélioration des process pédagogiques. L'individualisation et la modularisation des formations doivent être accélérées. Les nouveaux outils et pédagogies (apprentissage alternatif, e-learning, plate-forme de formation virtuelle...) doivent être plus souvent utilisés.

Enfin, troisième élément du plan : des économies, dont une réduction de la masse salariale, qui représente 70 % des coûts de fonctionnement, sont à prévoir. Hypothèse haute : environ 750 départs volontaires ou contraints d'ici à la fin mars 2006. Hypothèse basse : environ 600 départs volontaires ou naturels d'ici au 1er janvier 2009. Dans tous les cas, les formateurs et les psychologues-conseillers en formation ne seraient pas concernés par ces réductions d'effectifs qui porteraient sur les fonctions administratives, représentant 4 000 emplois.

La nouvelle direction de l'Afpa semble plutôt pencher pour que soit acceptée la deuxième hypothèse (mobilité et volontariat), « plus conforme au caractère exemplaire que doit revêtir l'adaptation d'une association telle que l'Afpa et suffisante pour assurer la pérennité économique de l'entreprise ».

Comment serait assuré le financement de ce plan (investissements, formations, départs...) ? Par trois tiers : crédits d'Etat, crédits régionaux, autofinancement. Cette politique de développement ne va-t-elle pas exacerber des tensions avec les prestataires de formation privés, qui, depuis plusieurs années, s'attaquent à ce qu'ils estiment être une concurrence déloyale ? Une période intermédiaire sera certainement possible, analyse la direction, mais le passage en comptabilité privée de l'Afpa, accordée par Bercy, pourrait faciliter les relations.

Les organisations syndicales de l'Afpa, qui ont reçu des éléments techniques sur ce projet la semaine dernière, disent le refuser. Elles estiment qu'il s'agit « d'un projet de récession », et rejettent « des suppressions massives d'emploi », « la diminution de la masse de CDD », « les 200 mutations géographiques ou professionnelles forcées », et « la suppression des augmentations salariales pour 2004 et 2005 ». « Ce projet est totalement injustifié. Le projet de loi relatif aux responsabilités locales, qui, aux yeux de la direction, justifie ces mesures, sera visiblement reporté, au plus tôt en fin d'année, et son contenu sera revu. Qu'est-ce qui peut justifier qu'on diminue la voilure de l'Afpa alors que les chiffres du chômage s'envolent ? », s'interrogent les organisations syndicales, qui ont appelé les salariés à se mettre en grève une demi-journée, ce 27 avril.