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LES SALARIÉS Y CROIENT

SANS | publié le : 27.04.2004 |

La VAE est déjà un succès, au vu du nombre de demandes individuelles et de la saturation des services d'accueil. Mais, elle demeure parfois un parcours du combattant, et les entreprises restent prudentes sur les moyens qu'elles souhaitent y consacrer et sur les engagements post-VAE qu'elles pourraient prendre.

La validation des acquis de l'expérience (VAE) ne laisse pas les Français de marbre, car nombre d'entre eux en ont déjà compris l'intérêt. Et plutôt les plus formés que les moins diplômés. Mais, un fait est là : la VAE n'est pas qu'une belle idée. En effet, près de 16 000 personnes ont déjà mené jusqu'au bout, en 2003, un dossier de VAE auprès des établissements de l'Education nationale délivrant des diplômes de niveau CAP à BTS.

Pour la première fois, l'année dernière, l'une des questions de l'enquête menée annuellement par le syndicat de la Fédération de la formation professionnelle (FFP) sur la santé économique de ses 300 adhérents (sociétés de formation de droit privé) portait sur la VAE. Il en ressortait que 21 % des organismes FFP avaient reçu des demandes de VAE en 2003. Elles provenaient, en majorité, des particuliers (72 %), alors que 37 % émanaient des entreprises et 12 % d'autres sources comme les branches ou les organisations professionnelles.

Initiative individuelle

Un rapport des conseillers formation de l'Opcareg Haute-Normandie confirme, en effet, que la décision d'une démarche VAE relève, dans la très large majorité des cas, d'une initiative individuelle du salarié. Plus celui-ci se sentira dans une situation de précarité vis-à-vis de l'emploi, plus il sera porté à engager la démarche. Cependant, les salariés les moins formés ne sont pas les plus demandeurs ; c'est à partir d'un niveau de formation secondaire (niveau bac) que la perspective d'une valorisation de ses acquis semble devenir un objectif réalisable.

D'autre part, un grand nombre de salariés souhaitent entreprendre la démarche de façon confidentielle par rapport à leur employeur. Bien souvent, ce n'est qu'en face de la question du financement qu'ils décident de faire part de leur projet dans l'entreprise, et, la plupart du temps, "contraints et forcés"

Frilosité des entreprises

Ce dernier point fait le lien avec les difficultés encore rencontrées par la VAE. Pour les chefs d'entreprise, les perspectives offertes par celle-ci n'apparaissent pas naturellement comme un "outil" de gestion des ressources humaines. Un frein essentiel dans les entreprises est la corrélation traditionnelle entre niveau de formation et niveau de salaire.

Cette frilosité des entreprises est bien réelle. Ainsi, lors de cette enquête, la demande auprès des réseaux ANDCP et Garf, contactés pour faire remonter des témoignages de leurs entreprises adhérentes, n'a rien donné. Cela ne signifie pas qu'elles ne font rien, puisque, par ailleurs, plusieurs sociétés témoignent de leur intérêt pour la VAE dans ce dossier, mais elles préfèrent encore garder une certaine discrétion sur le sujet.

Une discrétion qui n'a pas été trahie par la reprise, le 31 mars, des négociations entre partenaires sociaux sur la VAE (ainsi que sur le bilan de compétences, l'entretien annuel de formation et le passeport formation). De l'avis d'un représentant syndical, les organisations d'employeurs affichent une grande prudence quant aux moyens à y consacrer et aux types de certifications à valoriser.

Université dubitative

Autre acteur encore dubitatif face à la VAE : l'université. Sa sacro-sainte "indépendance" rend très difficile toute lecture globale de ses pratiques en termes de VAE. Et le ministère n'est pas en mesure d'en donner un bilan pour 2003.

Nouvelle activité pédagogique

« La tutelle n'est pas claire, commente un président d'université. Si la VAE doit rentrer dans la liste des missions des universitaires, alors, un changement du statut est nécessaire. Les universitaires hyperactifs et convaincus par la VAE doivent obtenir un allègement de fonction sur d'autres missions, et un financement de cette nouvelle activité pédagogique. Le problème est qu'ils sont encore une minorité. Même si personne n'ose s'afficher ouvertement contre la VAE, de nombreux universitaires y sont toujours opposés. »

Le parcours VAE est réputé suffisamment ardu, il serait dommage que les accumulations de frilosités coupent les ailes à cet élan "populaire".

L'essentiel

1 La Validation des acquis de l'expérience crée à la fois une pratique très compliquée à gérer pour les entreprises et les institutions diplômantes, en termes d'engagements post-VAE et de techniques pédagogiques ; et une perception très simplifiée chez certains candidats, qui n'y voient tout bonnement, au premier abord, qu'une formalité d'enregistrement.

2 Heureusement, cette ambiguïté se lève, petit à petit, au fur et à mesure de la constitution des dossiers. Mais, cette maturation nécessite du temps et des moyens (jurys, financement...) ; et, surtout, de nouveaux réflexes psychologiques (place de la formation continue par rapport à la formation initiale) qui seront longs à se mettre en place.