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« Trouver un nouveau compromis social »

SANS | publié le : 13.04.2004 |

E & C : Le marché du travail comporte-t-il trop de rigidités ? Faut-il, comme le souhaitait François Fillon, "assouplir" et "fluidifier" ?

Y. M. : Le plus important est de gouverner autrement les politiques d'emploi. Pour l'instant, il n'y a pas de véritable gouvernance, de répartition équilibrée et coordonnée. Les aides à l'emploi ne sont pas trop centralisées ; elles sont plutôt polycentriques. On assiste à la multiplication d'initiatives provenant à la fois de l'Etat, de la région, des conseils régionaux et des communes.

Le problème ? Comme toute organisation qui a une trop grande fluidité, on assiste à des empilements, des pertes d'énergie et une absence de cohérence qui entraînent une perte de repères et de lisibilité pour les personnes concernées. Il est nécessaire de mieux gouverner les aides à l'emploi. Cette gouvernance devrait être localisée, portée par des opérateurs publics ou privés (l'ANPE, l'Afpa, ou autres). L'évaluation des politiques de l'emploi étant confiée à des acteurs totalement indépendants. Essentiel !

E & C : Faut-il simplifier le Code du travail ?

Y. M. : Il faut se donner les moyens de trouver un nouveau compromis social. Si, nous allons vers une plus grande dérégulation du social et des restructurations permanentes, il faut, à la fois, assouplir les règles, notamment celles du licenciement et celles des contrats de travail - pourquoi ne pas reprendre l'idée du CDD de mission ? -, tout en donnant aux salariés de nouvelles garanties sociales. C'est, par exemple, ce qu'a fait le Danemark, ou ce que proposait, voilà dix ans, Jean Boissonnat, en préconisant de substituer au contrat de travail un "contrat d'activité".

Ce nouveau compromis nécessite, en outre, de changer les règles de la négociation, en ouvrant le débat à d'autres formes de représentation que les syndicats. Autrement dit, d'associer au débat de nouvelles parties prenantes sociales et sociétales, qui pourraient être, par exemple, les comités d'entreprise, des associations de chômeurs, les associations locales, sans oublier les petits entrepreneurs pas toujours organisés.

E & C : Quels devraient être les axes prioritaires de la loi de cohésion sociale ?

Y. M. : Le problème de l'emploi doit s'inscrire dans le territoire. La prise en compte du local est indispensable pour construire une véritable dynamique territoriale des politiques de l'emploi. En somme, la loi sert de cadre général. Elle se décline, ensuite, au niveau du territoire, en mobilisant l'ensemble des acteurs locaux dans leur diversité.