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Une opération de mobilité qui fait des émules

SANS | publié le : 23.03.2004 |

L'accueil de jeunes chômeurs réunionnais en Alsace pour combler les pénuries de main-d'oeuvre intéresse aussi d'autres régions. Depuis 2002, une centaine d'insertions ont lieu chaque année.

Combler le déficit de main-d'oeuvre d'ici par l'excédent de là-bas. L'idée tente de s'appliquer depuis un peu plus d'un an entre l'Alsace et l'île de la Réunion, où 7 000 jeunes sortent, chaque année, du système scolaire pour seulement 3 500 postes de travail disponibles. Depuis l'automne 2002, l'accueil de candidats à l'emploi s'organise selon une convention entre les conseils généraux du Haut-Rhin, du Bas-Rhin et de la Réunion. L'idée fait aussi progressivement son chemin en Mayenne, en Auvergne et en Vendée. Au total, une dizaine de départements métropolitains seraient intéressés par cette démarche, selon le conseil général de la Réunion.

Un accord-cadre national se prépare avec la CGPME. L'opération rejoint la relance de la mobilité voulue par François Fillon et la volonté du Premier ministre de faire sortir les Réunionnais de la spirale du chômage.

Premiers bilans

En Alsace, après une douzaine de mois de fonctionnement, le bilan est conforme à l'objectif : donner une solution à une centaine de Réunionnais par an. L'Agefos-PME, maître d'oeuvre, fait état de 99 placements, environ 80 emplois chez PSA Mulhouse, 15 dans la sécurité aéroportuaire, et de contrats de qualification. Pour le collecteur, cette opération préfigure sa prochaine "plate-forme mobilité", dédiée au flux de travail transfrontalier avec l'Allemagne. En Mayenne, le comité d'expansion économique évoque 30 contrats de travail ou de qualification sur 70 jeunes accueillis, autant de retours ou de déplacements dans un autre département métropolitain, et une dizaine de personnes restant sans solution sur place. Ces bilans sont à valoriser en rappelant la hausse du chômage qui a touché, entretemps, l'Alsace et la Mayenne, ciblées, en 2002, pour leur faible taux : 6 % pour le premier, moins de 5 % pour le second, à l'époque, contre près de 30 % à la Réunion.

Restructuration

En revanche, la méthode de départ a été abandonnée. A l'origine, la convention prévoyait l'appui du Cnarm, Comité national d'accueil et d'action pour la Réunion en mobilité, une association financée par le département de la Réunion et disposant d'un budget de 8 millions d'euros pour aider les candidats à la mobilité (billet d'avion, paiement des premiers loyers, prime d'installation...). Or, l'organisation, si elle a contribué à l'opération, se trouve actuellement en pleine restructuration. Ce qui a amené les métropolitains à déclencher le système D. « Il a fallu oeuvrer sur place, miser sur les réseaux informels et les bonnes volontés individuelles », rapporte René Malatrait, directeur de l'Agefos-PME Alsace.

Surtout, l'esprit a radicalement changé : les partenaires sont passés du quantitatif au qualitatif. « La Réunion nous apparaissait comme une des solutions possibles à notre pénurie de main-d'oeuvre dans le BTP, explique Jean-Yves Moisy, directeur du comité d'expansion de la Mayenne. Nous nous sommes rendus à la "Semaine de la mobilité" et là, ce fut le grand choc : 12 000 jeunes se sont précipités vers nous. Pour éviter trop de retours au pays, nous avons voulu privilégier la démarche qualité, car un chef d'entreprise déçu est difficile à convaincre une seconde fois. Il faut donc préparer les mentalités au départ, soigner l'accueil, s'assurer que le candidat trouve un logement. »

La Mayenne a été gagnée par cette idée, et soigne l'arrivée des candidats à la mobilité. Le conseil général a lancé un module de préparation au départ, au sein d'un groupe mobilité associant la CCI, l'ANPE, l'Afpa, les services d'Etat et de la région. « Nous nous assurons que les candidats ont les prérequis (formation, diplômes) pour répondre au besoin d'emploi en métropole, puis nous travaillons sur la motivation », explique Jean-François Lebeau, chef du service mobilité au département. En métropole, les maîtres d'oeuvre s'appuient aussi sur la communauté réunionnaise pour l'insertion des nouveaux venus.

PSA Mulhouse, un pionnier

Depuis la fin des années 1990, PSA Mulhouse recourt à la main-d'oeuvre réunionnaise pour combler partiellement son besoin d'emploi. Roland Adelin en est le pilote. Cet opérateur réunionnais, délégué CFDT, en poste à PSA Mulhouse depuis trente-deux ans, correspondant du Cnarm*, membre d'une association locale de la communauté réunionnaise, détecte les compétences des candidats qui pourraient coller aux besoins de l'employeur et accompagne leur insertion dans l'entreprise et dans leur région d'accueil. Sur 300 jeunes recrutés en intérim ou en CDD, 60 ont décroché un CDI chez PSA, quelque 150 sont restés en Alsace, trouvant souvent un poste chez les sous-traitants automobiles, les autres sont repartis à la Réunion ou dans d'autres régions, annonce Roland Adelin. « A tous, PSA a permis de mettre un pied dans le marché du travail », se félicite-t-il. Les profils « satisfont » aussi la direction du site, qui vient de s'engager sur 30 nouvelles embauches.

* Comité national d'accueil et d'action pour la Réunion en mobilité.