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Un kit syndical pour les vendeuses

SANS | publié le : 23.03.2004 |

Le syndicat allemand des services Ver.di a envoyé un kit anti-mobbing aux vendeuses de la chaîne de droguerie Schlecker. Outre le harcèlement moral, il dénonce les pratiques anti-syndicales dont useraient aussi les grands du hard discount.

En décembre dernier, les 400 vendeuses de la chaîne allemande de droguerie Schlecker, à Munich, ont reçu un dossier de la part du puissant syndicat des services Ver.di. L'un des documents explique aux salariées comment réagir en cas de visite impromptue du chef des ventes du département, rappelant que certaines vendeuses ont fait l'objet de menaces, et ont dû signer leur propre démission... Suivent des consignes claires : « Ne jamais rien signer, demander un temps de réflexion, faire appel à un syndicaliste, à un avocat, rédiger un compte rendu et le faxer à Ver.di... » Le set anti-mobbing contient aussi les numéros de téléphone d'avocats, du syndicat et du comité d'entreprise Schlecker, et des exemples types de comptes rendus.

Mesures systématiques

« Je sais qu'on a du mal à me croire », confie Wiebke Oldsen, cadre chez Ver.di à Munich, qui a lancé, en décembre, cette campagne anti-mobbing contre Schlecker. Selon elle, les vendeuses de la chaîne de droguerie, numéro un en Europe, seraient victimes de mesures systématiques de harcèlement moral, incluant menaces, avertissements, injures. Les principales victimes seraient les femmes étrangères ou d'ex-RDA, les femmes enceintes ou malades, soupçonnées d'être moins efficaces, les vendeuses âgées, qui coûtent plus cher, et les rares représentantes du personnel. Enfin, le syndicat dénonce des économies nuisibles à la sécurité : les vendeuses n'ont obtenu un téléphone par magasin que récemment. Or, elles sont parfois seules, et, chaque jour, une filiale Schlecker est cambriolée outre-Rhin.

Les pratiques du groupe de distribution, qui refuse de répondre aux accusations, ne sont pas nouvelles. Il y a cinq ans, les époux Schlecker ont été condamnés à dix mois de prison avec sursis et à une amende de 1 million d'euros pour dumping salarial. En 2001, Ver.di a remporté une bataille en faisant signer une convention salariale valable dans toutes les filiales allemandes.

Règles non respectées

Les géants allemands du hard discount, Aldi et Lidl, sont aussi dans le collimateur du syndicat. « Ces entreprises ne s'en tiennent pas aux règles du jeu démocratique », critique Hans-Martin Poschmann, chargé du secteur de la distribution chez Ver.di. Aldi, Lidl et Schlecker ont rendu très difficile la nomination de délégués du personnel grâce au découpage systématique de leurs groupes en petites unités. Seules un tiers des 48 000 salariées de Schlecker sont ainsi représentées par des comités d'entreprise.

Ver.di a déjà fait progresser le dialogue et l'information chez Aldi : « Les structures d'Aldi-Nord ne sont plus aussi mystérieuses qu'avant. » Le syndicat espère qu'Aldi-Sud, Lidl et Schlecker suivront l'exemple.