E & C : L'Association jeunesse et entreprises (AJE) a restitué, le 23 mars, les résultats de rencontres-tables rondes, menées par des experts du monde de l'entreprise, auprès de jeunes lycéens parisiens et franciliens. Quelle est leur vision du travail et des entreprises ?

C. T. : Tout d'abord, ces jeunes ont une image de l'entreprise très stéréotypée, même s'ils sont capables de prises de position personnelles.Ils appréhendent le travail comme une nécessité, ainsi que comme un moyen de gagner de l'argent, de réaliser une passion et de s'intégrer dans la société. Même si, pour eux, travail sous-entend pénibilité et évaluation.

E & C : Qu'en est-il de leur perception du monde du travail ?

C. T. : Elle est à la fois négative et positive. Selon eux, le monde du travail est associé à la réalité du chômage. Mais aussi à certaines contraintes prévisibles liées à la hiérarchie, au temps de travail, au rendement, aux résultats et aux tâches répétitives. Par ailleurs, ils ont l'impression d'un monde du travail empreint de sélection, voire de discrimination.

Enfin, ils imaginent que l'on ne peut y trouver sa place et acquérir plus de liberté qu'après des études longues. Sur ce point, nous avons un gros travail de sensibilisation à faire, afin de changer ce regard sous-estimant les filières courtes et techniques. Tout n'est pas négatif, puisque ces jeunes sont capables de se projeter dans cette sphère travail. Ils attendent, entre autres, qu'elle les fasse progresser via la formation et la promotion.

E & C : Quelle impression vous a fait cette jeune génération ?

C. T. : Je la trouve particulièrement mature et lucide. Ainsi, ces jeunes pensent que le monde du travail tend vers une perte de valeurs, ce qui voudrait dire qu'ils en attendent. Un point particulièrement positif, à mon sens. Néanmoins, ils se sentent mal informés. J'en conclus que nous devons redoubler d'efforts pour communiquer avec eux. Comment ? En allant plus souvent à leur rencontre et en collaborant plus que jamais avec les enseignants.