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Seuls 125 des 803 licenciés ont retrouvé un CDI

SANS | publié le : 16.03.2004 |

Un an après, la saga de la liquidation de la fonderie de Noyelles-Godault continue. Entre les recours en justice, les efforts de reclassement et les actions pour revitaliser le site, le travail ne manque pas. Sauf pour la moitié des anciens salariés de l'usine, toujours "sans solution"...

Un téléphone, un ordinateur, du café, une écoute... Depuis le 17 janvier 2003, date à laquelle ils ont appris, par fax, la fermeture programmée de leur fonderie de plomb et de zinc, les 812 ex-salariés de l'usine de Metaleurop peuvent compter sur l'association Choeur de fondeurs pour leur apporter un soutien. Moral autant qu'administratif. Car, même si la liquidation de l'usine de Noyelles-Godault date de mars 2003, l'affaire est loin d'être terminée.

Solidarité exceptionnelle

Depuis un an, "les Metaleurop" ont multiplié les actions et les initiatives pour améliorer leur sort. Privés de plan social pour cause d'employeur défaillant (un "patron-voyou", selon les propres termes du président de la République), ils ont bénéficié d'une solidarité exceptionnelle de l'Etat et du conseil régional, qui leur ont, individuellement, versé 15 000 euros. Parallèlement, ils n'ont eu de cesse de manifester pour réclamer 50 000 euros supplémentaires à Glencore, l'actionnaire suisse de Metaleurop SA (maison mère de Metaleurop Nord). Sans réel succès, puisque, à ce jour, la justice ne s'est toujours pas prononcée sur l'extension de la liquidation de l'usine à la maison mère.

Procédure "amiante" en cours

A ce combat toujours en cours (les experts nommés par la justice doivent rendre leur rapport avant la fin juin) est venu s'en ajouter un autre, celui de l'amiante. Fin 2003, les Metaleurop ont engagé un bras de fer avec le gouvernement pour être reconnus par la commission des accidents du travail et des maladies professionnelles de la Cnam, pour se voir ouvrir le droit à l'allocation de cessation anticipée d'activité. Pour l'heure, la procédure n'a pas connu d'issue favorable. Mais les Metaleurop restent mobilisés comme aux premiers jours.

Cette énergie déployée pour augmenter leurs indemnités est à la mesure de leur désespoir. Originaires d'un ex-bassin minier sinistré, dont la moyenne d'âge atteint 47 ans, les Metaleurop rencontrent d'importantes difficultés de reclassement. A la mi-février, la cellule de reclassement, gérée par le cabinet Altedia pour le compte de la DDTE, estimait avoir trouvé une "solution" pour la moitié des personnes concernées. Sur les 803 salariés effectivement licenciés, 132 ont bénéficié de mesures d'âge (préretraites FNE). Sur les 671 personnes restantes, 125 ont retrouvé un CDI et 28 un CDD de plus de six mois, 23 ont créé leur emploi et 84 ont entamé un cycle de formation. Reste, donc, 411 personnes à reclasser, parmi lesquelles 112 présentent une santé et/ou une situation sociale qui ne permet pas d'envisager un retour à l'emploi et pour lesquelles l'antenne emploi collabore avec les services sociaux concernés.

Des placements "au compte-gouttes"

Pour l'antenne emploi, 299 personnes restent donc toujours à reclasser. Une tâche d'autant plus délicate que ces personnes doivent changer de métier et que le tissu industriel local est très étriqué. Grand projet de la région, la plate-forme logistique multimodale de Dourges n'a accueilli que 4 anciens de Metaleurop. Et les effets de la revitalisation économique (1 000 emplois prévus par un contrat de site de 44 millions d'euros) tardent à se faire sentir, même si la Sita, entreprise de traitement de déchets qui a repris le site de l'usine, a promis de recruter 230 personnes d'ici à cinq ans. « C'est un travail de fourmi, on place les gens un à un », souligne Michel Tremouille, responsable de l'antenne emploi, dont la mission a, dès le départ, été prévue sur deux ans (jusqu'en avril 2005).

Conférence des financeurs

Pour répondre à cette logique de conversion, qui suppose d'importants moyens de formation, la cellule de reclassement a imaginé un dispositif original qui a, depuis, fait école : la conférence des financeurs. Chaque semaine, celle-ci réunit l'ensemble des acteurs - Etat, conseil régional, ANPE, Assedic, Afpa et Adefim (l'organisme de formation de la métallurgie) - afin qu'ils se prononcent sur l'éventuelle prise en charge des projets de formation élaborés par la cellule de reclassement. « Une formule très opérationnelle et réactive, qui permet de dire rapidement au salarié s'il peut entreprendre sa démarche de formation », insiste Michel Tremouille. Grâce à ce dispositif, 303 Metaleurop sont partis en formation pour un coût global de 1 million d'euros, soit un accompagnement de 3 300 euros, en moyenne, par salarié. Un montant significatif, à la hauteur d'une liquidation industrielle, sociale et environnementale sans précédent dans l'Hexagone.

REPÈRES

Le reclassement des "Metaleurop" en chiffres

Licenciés le 23 mars 2003 803

FNE 132

Reclassés 260

CDI 125

CDD longue durée 28

Créations d'entreprise 23

En formation 84

Personnes sans solution 411