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La bataille de l'emploi et de la formation

SANS | publié le : 16.03.2004 |

Contrat premier emploi, emplois-tremplins, droit au reclassement régional, apprentissage... Sur le terrain, les partis politiques affûtent leurs programmes en matière d'emploi et de formation professionnelle. Des propositions souvent floues et sans innovation.

A une semaine des élections régionales, les candidats s'animent. Les programmes des différents partis politiques font la part belle aux problématiques emploi et à la formation continue. Le chômage est repassé en tête des préoccupations des Français, avant les problèmes de sécurité, et la formation professionnelle est devenue l'un des piliers majeurs de la décentralisation. A compter du 1er janvier 2005, l'Etat aura, en effet, transféré aux régions la quasi-totalité de ses budgets pour financer les actions de formation, à l'exception de celles relevant de l'entreprise ou de l'assurance chômage (voir encadré ci-contre). Sur le terrain de l'emploi, l'UMP insiste sur son bilan : la création de 140 000 contrats jeunes en entreprise et la relance des contrats initiative emploi, qui s'adressent aux plus de 50 ans.

Contrat premier emploi

L'UDF fait également un geste en direction des jeunes. Il propose de créer le contrat premier emploi, à destination des 16-29 ans, diplômés ou non. Ce terme générique regroupe, en fait, l'ensemble des contrats aidés existants, contrat d'apprentissage, civis ou encore contrat jeunes en entreprise... Concrètement, la région pourrait proposer à un jeune l'un de ces contrats en fonction de son niveau de qualification et verser une aide financière complémentaire, non définie, à l'employeur qui l'accueille ; 10 millions d'euros devraient être dégagés en Aquitaine, chaque année, pour le financement de ce dispositif, grâce à un redéploiement des crédits de la formation professionnelle.

Emploi d'utilité sociale

Le PS persiste, de son côté, dans la création des emplois d'utilité sociale au niveau régional, baptisés emplois-tremplins. Calqués sur le modèle des emplois-jeunes, mais, cette fois, en CDI et incluant des périodes de formation, ils doivent répondre aux besoins non satisfaits des associations (santé, environnement, dépendance, animation, sport...) ; 2 000 emplois de ce type sont an- noncés en Bourgogne, et 10 000 en Ile-de-France.

La LCR, entend, quant à elle, booster les services publics, en créant des postes dans tous les secteurs actuellement sur la corde raide : les hôpitaux, l'Education nationale ou encore les transports en commun. Conjoncture oblige, les licenciements économiques sont également présents dans les débats. Si la LCR propose d'interdire les licenciements collectifs dans les entreprises qui font du profit (les fameux "licenciements boursiers"), le PS, l'UMP et l'UDF mettent davantage l'accent sur le droit au reclassement. Le PS souhaite la mise en place d'un droit au reclassement régional, à l'intention des salariés licenciés des PME/PMI, grands absents des plans sociaux. Financé par la région, ce droit au reclassement prendrait la forme de cellules de reclassement interentreprises, animées par les services de l'ANPE, au sein des bassins d'emploi laissés exsangues.

Réindustrialisation

En Midi-Pyrénées, priorité serait donnée, par le candidat PS de la région, Martin Malvy, à la naissance d'un fonds de réindustrialisation des territoires en mutation économique, et à la mise en place d'une cellule d'alerte des difficultés des entreprises.

Plus ambitieux, en Ile-de-France, la liste gauche populaire et citoyenne (PC), emmenée par Marie-Georges Buffet, affiche l'intention d'instituer un fonds régional pour l'emploi, la formation et les nouvelles technologies, alimenté par les contributions des entreprises, des régions et de l'Etat. L'objectif ? Il fonctionnerait selon le principe du bonus/malus, en fonction du comportement des sociétés en matière d'investissement emploi et formation. Selon Marie-Georges Buffet, les entreprises vertueuses (créatrices d'emploi et généreuses en matière de formation ou de recherche) pourraient, ici, solliciter des prêts auprès des banques à des taux d'intérêt plus faibles que les autres. Une partie des intérêts serait prise en charge par le fonds sous forme de bonification.

Sur le terrain de la formation

Mais c'est surtout sur le terrain de la formation que les différences politiques sont les plus sensibles. L'enjeu est de taille puisque ce sujet se trouve au coeur du débat sur la décentralisation. Les élus de gauche (1) entendent, d'ailleurs, marquer leur différence. Le 11 décembre 2003, ils ont fait une déclaration commune visant à contrer la future loi sur les responsabilités locales. Point de discorde : la décentralisation des budgets de l'Afpa, qualifiée de "véritable démantèlement". Ces élus demandent que l'Etat conserve la maîtrise de plusieurs dispositifs de formation et, surtout, de l'Afpa.

L'apprentissage fait également partie des thèmes de campagne. Si le Front national réclame la mise en place de contrats d'apprentissage dès l'âge de 14 ans, calés aux besoins du marché du travail local, les autres partis politiques souhaitent avant tout renforcer ce dispositif de formation.

Poursuite de l'effort

Gérard Longuet, par exemple, tête de file de l'UMP en Lorraine, promet de poursuivre ses efforts en la matière, le nombre d'apprentis étant passé de 9 000 en 1990 à 15 000 aujourd'hui. Petit distinguo en Paca, Renaud Muselier, candidat UMP-UDF, entend développer l'apprentissage des niveaux de formation III, II et I (bac pro, bac + 2, bac + 4/et 5). De son côté, le PS de la région souhaite élargir le contrat d'accès à la première qualification (CAQ), destiné, jusqu'ici, aux moins de 26 ans et aux adultes demandeurs d'emploi souhaitant améliorer leur qualification.

En Languedoc-Roussillon, Georges Frêche (PS) affiche son ambition de réaliser un livre blanc sur l'apprentissage et la formation continue afin d'évaluer les pratiques et les modes de financement.

Autres thèmes évoqués : la transmission et la reprise d'entreprise, la pénurie de main-d'oeuvre, les bilans d'aptitude pour les plus de 50 ans, l'aide au retour à l'emploi des femmes, ou encore, les aides à la recherche et, très fréquemment, la gratuité des transports pour les demandeurs d'emploi.

(1) Provence-Alpes-Côte d'Azur, Nord-Pas-de-Calais, Ile-de-France, Haute-Normandie, Aquitaine, Centre, Limousin, Midi-Pyrénées, Réunion et Guyane.

Régions : qui fait quoi ?

La formation professionnelle est au coeur du débat sur la décentralisation. Le projet de loi sur les responsabilités locales, adopté en première lecture au Sénat, en novembre dernier, transfère la quasi-totalité des compétences de formation, auparavant exercées par l'Etat, aux régions.

Point clé : les crédits de l'Afpa (Association pour la formation professionnelle des adultes), destinés à former les demandeurs d'emploi (686 millions d'euros), seraient décentralisés et reversés à chacune des 22 régions françaises. C'est également aux régions de prendre en charge les formations qualifiantes et l'apprentissage. Le transfert des compétences s'est accompagné d'un transfert de crédit. Dans la loi de finances 2004, la dotation de l'Etat vis-à-vis des régions a augmenté de 31 %, passant de 1,33 milliard d'euros en 2003 à 1,822 milliard d'euros en 2004.

Sur le terrain de l'emploi, les crédits restent centralisés. En revanche, c'est la région qui sera chargée de dresser le schéma régional de développement économique. Jusqu'ici, les régions cogéraient les aides économiques aux entreprises avec l'Etat.

Le texte sera voté, le 7 avril, à l'Assemblée nationale, à la reprise des travaux parlementaires suspendus en raison des élections (le même jour que le texte sur la réforme de la formation professionnelle).

Reste la question des financements. Beaucoup d'élus ignorent encore les moyens dont ils disposeront pour assumer leur nouvelle tâche.

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