logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

SANS

Un accord pour les "gentils employés" du Club Med

SANS | publié le : 09.03.2004 |

Le Club Méditerranée et l'Union internationale des travailleurs de l'alimentation et de l'hôtellerie-restauration (Uita) ont passé un accord relatif aux droits fondamentaux de 7 000 employés de service.

Au Club Méditerranée, on les appelle GE, comme "gentils employés". Ce sont ceux qui exercent les métiers de bouche, les serveurs, les barmen et les personnels d'entretien présents dans les villages de vacances, qui représentent près de la moitié des effectifs de l'entreprise (environ 10 000 personnes dans le monde). Un accord d'entreprise reconnaît, désormais, à ces salariés, pour la plupart saisonniers, « le respect des droits fondamentaux au travail et à la mobilité ». Le 16 février dernier, la direction et l'Uita* ont pris des dispositions s'appliquant à 7 000 d'entre eux, travaillant au sein de la zone Europe-Afrique (Suisse, UE, Croatie, Turquie, Maroc, Tunisie, Côte-d'Ivoire et Sénégal), où le Club concentre plus de 60 % de son activité.

"Migration"

L'idée est de favoriser la migration d'une main-d'oeuvre extra-communautaire, occupée la moitié de l'année dans les villages du soleil, vers des sites exposés aux pénuries d'emplois, comme ceux de l'arc alpin, en hiver. « L'accord nous permettra de montrer nos bonnes pratiques vis- à-vis de l'administration du travail, souligne Emeric de Livonnière, directeur des affaires sociales du Club Med, sachant que nous veillons à ce que cette migration ne porte pas préjudice à l'emploi local et que nous passons par les organismes officiels (OMI et DDTE) pour organiser la saison (cinq mois) de ces salariés. »

Droits fondamentaux

L'accord, valable trois ans, reprend à son compte les principes fondamentaux énoncés par les conventions de l'OIT : liberté syndicale et de négociation collective, refus du travail forcé ou obligatoire, abolition du travail des enfants, ou encore affirmation du principe d'égalité des chances et de rémunération entre hommes et femmes. Mais, au-delà, l'accord garantit que les saisonniers étrangers seront logés à la même enseigne que les locaux. Il met en exergue l'initiative, prise en 2003, d'affecter dans cinq villages français des GE originaires de Turquie. Dans cette expérience, que la direction veut reconduire, « chaque saison fait l'objet d'un CDD saisonnier [de] droit français » et les GE « bénéficient d'une couverture de la Sécurité sociale française ». Les conditions d'emploi des GE (salaire, temps de travail, conditions de vie et de travail) respecteront, ainsi, les règles sociales et les conventions appliquées localement. Le volontariat pour la mobilité prévaut. Le délai de prévenance du saisonnier est de quinze jours avant le départ.

Des mesures d'accompagnement complètent le dispositif : sessions d'accueil sur la connaissance du village, de son environnement et des services rendus. Un représentant de l'Uita sera indemnisé par l'entreprise pour consacrer une demi-journée à rencontrer le personnel concerné. L'application de l'accord fera l'objet d'un point d'étape annuel, abordé en réunion du Comité européen du dialogue social du Club Med.

Démarche vertueuse

Christian Juyaux, secrétaire CFDT de cette instance, créée en 1996, aurait préféré d'emblée, un accord mondial, que la direction envisage pour une prochaine étape. Néanmoins, il applaudit ce compromis, qui « prend en compte les intérêts de l'entreprise, des travailleurs et des pays d'accueil. C'est une démarche vertueuse, adoptée dans une période vicieuse ». Ce syndicaliste était en pourparlers avec la direction, depuis plus d'un an, sur ce sujet. Il relève que le Club Med a pris le contre-pied des pratiques du groupe de tourisme Mark Warner, poursuivi en 2000 par l'Assedic, l'Urssaf et des organisations syndicales et patronales de Savoie, pour avoir détaché des saisonniers britanniques en France, sous contrat anglais (en mai 2003, la cour d'appel de Chambéry lui a reconnu le droit de déroger au principe qu'un travailleur doit être inscrit à la Sécurité sociale du pays où il travaille).

Le Club Med a également pris les devants pour les gentils organisateurs (GO). Fin 2002, l'entreprise a fermé, à Londres, une plate-forme de recrutement dédiée, où bon nombre de ses recrues signaient leur contrat. Désormais, GO et GE français sont embauchés par le centre RH de Lyon, ouvert en 1999.

* L'Union internationale des travailleurs de l'alimentation et de l'hôtellerie-restauration (Uita) et sa composante régionale européenne (Effat) sont signataires.

CLUB MÉDITERRANÉE

Effectifs : 20 300 salariés, à 80 % saisonniers. Sur les 16 000 saisonniers, 10 000 sont des GE et 6 000 des GO.

Chiffre d'affaires en 2003 : 1,609 milliard d'euros.

Répartition de l'activité : 60 % en Europe-Afrique, 25 % en Amérique, 15 % en Asie.

L'essentiel

1 L'accord d'entreprise du Club Méditerranée, signé le 16 février, consacre la reconnaissance des droits fondamentaux au travail pour 7 000 personnels de service de la zone Europe-Afrique.

2 Il encourage également les bonnes pratiques de mobilité pour les ressortissants extra-communautaires, accueillis sur les sites en pénurie de main-d'oeuvre.

3 Cet accord devrait, par la suite, être élargi au monde entier.

Articles les plus lus