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Les conducteurs satisfaits d'être contrôlés

SANS | publié le : 02.03.2004 |

Chefs d'entreprise et conducteurs routiers s'accordent sur les effets bénéfiques d'un contrôle technologique accru du temps de travail.

Salariés nomades par excellence, les conducteurs routiers sont aussi extrêmement contrôlés. Leurs véhicules sont équipés de chronotachygraphes enregistrant leur temps de conduite, de coupure et de repos, ainsi que leur temps total de service. Ce système sera bientôt remplacé, sur les camions neufs, ainsi que l'exige un décret européen, par un chronotachygraphe électronique, qui substituera une carte électronique personnelle au disque papier.

Des applications presque illimitées

En devenir également : le "système d'information transport" que Georges Haessig, chercheur au département études et recherches de l'AFT-Iftim, association pour la formation dans le transport et la logistique, décrit comme une interconnexion d'informatique et de communication embarquée et de logiciels applicatifs. Ces différentes avancées technologiques permettent une qualification des temps d'arrêt (repos, chargement, manutention...), de renseigner le conducteur sur son solde de temps de conduite, d'enclencher des alarmes à l'approche des seuils, de lui indiquer l'heure d'arrivée à sa destination, d'enregistrer ses paramètres de conduite (vitesse, régime moteur, consommation, usure des pneus, utilisation des freins), pour, éventuellement, prévoir une formation complémentaire, ou encore lui fournir une aide à la conduite (détecteur de fatigue, itinéraire...). Selon le degré d'optimisation souhaité, ces applications sont à peu près illimitées.

Contrôle du temps

La perspective de l'installation du chronotachygraphe électronique et la généralisation du "système d'information transport" - peu de flottes en sont, aujourd'hui, pourvues - rencontrent un accueil favorable, tant du côté patronal que de celui des salariés et de leurs représentants. Il y a, notamment, consensus sur le contrôle du temps de travail. « Le chronotachygraphe électronique permettra de mieux calculer les heures de travail. De plus, il sera beaucoup plus difficile à falsifier », relève Jean-Luc Dusautoir, délégué central CFDT chez Norbert Dentressangle Silos. Il sera, ainsi, possible de qualifier les temps d'attente et de manutention, ouvrant droit à rémunération. « Ce système est un moyen de contrôle fiable qui évitera les contestations à un moment où le temps de travail est devenu un enjeu stratégique », note, pour sa part, Maxime Dumont, le secrétaire général adjoint de la CFDT branche route, majoritaire dans la profession. Pour les employeurs, ce type de technologie a l'avantage de permettre l'optimisation du temps de travail en réduisant les temps improductifs, tout en diminuant les risques d'infraction à la réglementation sociale. « L'informatique embarquée est perçue, par les conducteurs, comme un outil de responsabilisation. Il est de l'intérêt de tout le monde d'améliorer la sécurité et de réduire la consommation de carburant », expose Hervé Montjotin, directeur général de Norbert Dentressangle, en charge des ressources humaines.

Perte du sentiment d'indépendance

Mais, à côté de cela, Georges Haessig admet que la planification des trajets et du temps de travail grâce à l'informatique embarquée peut induire un « sentiment de dépendance, de perte de liberté et de savoir-faire » du conducteur, réduisant ainsi sa contribution à une tâche à faible valeur ajoutée. « Cette marge de liberté a, de toute manière, déjà disparu », relève-t-il. Ce que confirme, avec d'autres mots, Jean-Pierre Rémy, membre du secrétariat fédéral de la CFDT branche route : « Le flicage a commencé depuis longtemps avec l'arrivée du portable ». Ce que la profession a indéniablement perdu en attractivité pour des conducteurs épris de liberté, elle espère le compenser par l'amélioration des conditions de travail et par l'attrait de la technologie.