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L'entreprise qui n'existe pas

SANS | publié le : 02.03.2004 |

L'éditeur de solutions de travail collaboratif Mayetic est une entreprise virtuelle. Quand le nomadisme est poussé à l'extrême.

Les pouvoirs publics, qui considèrent la France en retard sur le plan du e-travail, devraient, peut-être, se pencher sur le cas Mayetic. Nul besoin, en tout cas, de dépêcher un fonctionnaire au siège de cette société. Car, au 58, avenue de Wagram, implantation parisienne de cet éditeur de logiciels de travail collaboratif et de gestion de contenu, point de bureaux ni de salariés ! La boîte aux lettres a remplacé le hall d'accueil. Pour entrer en contact avec un responsable de cette PME de 25 salariés - dont les solutions intéressent plus de 100 000 utilisateurs dans des groupes comme la Fnac, France3, Cegetel ou PricewaterhouseCoopers -, il faut envoyer un courrier ou un fax, laisser un message sur le répondeur téléphonique ou encore se connecter sur le site Internet afin d'y poster un e-mail.

Le nomadisme comme principe

Depuis sa création, en 1996, Mayetic est, en effet, une entreprise physiquement invisible dont l'organisation est exclusivement fondée sur le e-travail. Le nomadisme y est élevé en principe absolu. A l'origine, les deux fondateurs, Bruno de Beauregard et Miguel Membrado, ont inscrit deux préalables à leur feuille de route : tenter, d'une part, de mieux équilibrer le rapport vie professionnelle et sphère privée, et repenser, d'autre part, l'organisation du travail grâce aux opportunités offertes par les nouvelles technologies. « Et puis, ne l'oublions pas, nous éditons des logiciels de travail collaboratif. Nous avons donc décidé de les utiliser pour nous-mêmes. »

Au passage, la jeune entreprise high-tech entendait faire de substantielles économies sur les frais de structure. Du coup, sa masse salariale représente, aujourd'hui, plus de 70 % de son budget total. « Dans une précédente société, comparable en termes d'effectifs, nous déboursions 10 700 euros chaque mois pour le loyer. Là, les gains sont aussitôt réinvestis dans le développement », affirme Miguel Membrado, directeur général, plus particulièrement chargé des RH.

Des clients sous le charme

Pour les dirigeants de l'éditeur, la première des craintes était la réaction de ses prospects. Intrigués, voire déroutés au départ, les clients sont finalement tombés sous le charme. « Notre e-organisation est, au fil du temps, devenue un argument commercial », avance Miguel Membrado. La seconde interrogation portait sur la culture d'entreprise. Comment, en effet, faire adhérer des salariés censés travailler à leur domicile, ou chez le client, au projet de la société ? « Notre approche du nomadisme a consisté à réfléchir simultanément aux dimensions technologique et RH du e-travail. L'une ne peut aller sans l'autre », insiste le directeur général. La parade de Mayetic a été d'abolir radicalement les structures hiérarchiques traditionnelles et d'instaurer un management par objectifs fondé sur la responsabilité et la confiance. En outre, la direction n'hésite pas à sensibiliser en permanence ses salariés sur les dérapages du système. « Pour lutter contre le stress technologique, nous leur conseillons fortement de se déconnecter lorsque le travail est terminé. D'une manière générale, nous les encourageons à partager leur expérience », explique Miguel Membrado

Collaborateurs expérimentés

Revers de la médaille : le système Mayetic peut rebuter, même si l'entreprise n'a enregistré que quatre démissions en huit ans. L'éditeur privilégie, ainsi, des candidats ayant un minimum de quatre ans d'expérience. « Nous nous sommes trompés une seule fois, admet le responsable. Nous avons recruté un jeune qui avait une courte expérience professionnelle. Il a jeté l'éponge au bout d'un an car il avait un besoin fort de relationnel. »

Réunions régulières

Chez Mayetic, en effet, les salariés se rencontrent officiellement une fois par semestre. « Mais nos collaborateurs ont toute latitude pour se voir en dehors de cette réunion collective. Ils y sont même contraints lorsqu'ils planchent ensemble sur un projet. Une chose est certaine : il n'y a, chez nous, aucune réunion superflue, d'autant que certains de nos collaborateurs en ont profité pour aller s'installer en province. » Mayetic a également développé des solutions de réunions virtuelles, autorisant, outre l'audio et les chats, le partage d'applications.

« Revenir dans une structure plus traditionnelle ne me poserait pas de problème, mais cette e-organisation est d'une souplesse incroyable », témoigne Bertrand Morin, directeur architecture système de Mayetic. « Le plus difficile, concède-t-il, est de caler ses habitudes de travail sur celles de ses collègues. » Quant à la culture d'entreprise, elle s'est, selon Miguel Membrado, justement forgée sur l'adhésion des salariés au fonctionnement atypique de l'entreprise.

MAYETIC

> Activité : éditeur de logiciels.

> Effectifs : </B>25 salariés.

> Chiffre d'affaires : 1,2 million d'euros en 2003.