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« Le besoin de socialisation est capital »

SANS | publié le : 02.03.2004 |

& C : Que recouvre, selon vous, la notion de travail nomade ?

H. I. : Un salarié est nomade lorsqu'il peut, potentiellement, travailler n'importe où et n'importe quand. Autrement dit, les commerciaux, une population par nature itinérante, ne sont pas les seuls à être nomades. Il n'est pas rare de voir, aujourd'hui, des directeurs financiers, a priori sédentaires, travailler en dehors du bureau et hors temps de travail. Le hic, c'est que cette nouvelle forme d'organisation du travail est bien souvent imposée par l'employeur. Pis : le salarié ne connaît pas les règles du jeu lorsqu'il est recruté.

E & C : Pourquoi le nomadisme se développe-t-il ?

H. I. : Certes, les entreprises souhaitent se rapprocher de leurs clients et favorisent, à ce titre, le déplacement de leurs collaborateurs, mais les NTIC ont une part de responsabilité considérable dans le développement du nomadisme. Elles ont contribué à augmenter l'astreinte des salariés. Certains l'intériorisent sans qu'il y ait, d'ailleurs, une exigence formelle exprimée par l'employeur. Lorsque ces pratiques ont émergé, des cadres trouvaient cela très valorisant d'être joints sur leur lieu de vacances. Il y a, incontestablement, une fascination pour les NTIC, lesquelles créent un sentiment d'ubiquité. Reste que les salariés se sont vite aperçus que tout n'était pas si rose. Pour eux, l'empiétement sur la vie privée et la fragmentation du temps deviennent insupportables. Faut-il aussi préciser que si les entreprises favorisent le nomadisme en équipant leurs salariés, c'est parce qu'elles peuvent les contrôler. Ce droit régalien de l'employeur continue de s'exercer même si l'unité de temps et de lieu a disparu.

E & C : Les entreprises ont-elles déployé des mécanismes pour gérer ces salariés ?

H. I. : Clairement, non ! Elles sont bien incapables de comprendre les impacts du nomadisme sur la GRH et sur l'organisation du travail. Tout juste pouvons-nous dire qu'il y a un début de prise de conscience. C'est vraiment la première année où j'entends des hauts potentiels exprimer leur ras-le-bol et dire : « Je n'en peux plus, je déconnecte ! » La machine à café virtuelle n'existe pas ! Le besoin de socialisation est capital, et ce, même pour la génération "texto".

*Il est également responsable scientifique de l'Observatoire Dauphine/Cegos sur le e-management.

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