Depuis une trentaine d'années, les économistes ont redécouvert que la firme constitue, à côté des marchés, l'organisation centrale de l'activité économique. Trois grandes représentations s'affrontent. Pour les uns, la firme est vue uniquement comme un noeud de contrats entre les différents individus qui la constituent. Pour d'autres, il s'agit d'un panier de compétences et de ressources ou d'un processeur de connaissances. Enfin, certains caractérisent la firme comme une organisation hiérarchique fondée sur une relation de pouvoir asymétrique entre l'employeur et ses salariés. De la prise de position par rapport à cette question d'essence dépend l'inflexion des réflexions sur les problèmes d'organisation et d'efficacité.

L'objectif de Bernard Baudry est d'analyser, à la lumière des différentes approches théoriques, les mutations empiriques qu'ont connues les firmes et, notamment, les plus grandes d'entre elles : accélération de la concentration, internationalisation, recentrage stratégique, réduction de la taille des unités de production, émergence des firmes réseaux, changements des structures internes, nouvelles gestions de l'emploi...

L'auteur s'arrête, entre autres, sur trois aspects principaux : l'avènement de la gouvernance d'entreprise, la relation d'emploi et les frontières de la firme, en réponse à la question de savoir pourquoi les firmes s'adressent de plus en plus à des fournisseurs au lieu de fabriquer elles-mêmes. En ligne de mire, une question sur le sens de l'émergence de la firme réseau, en opposition à la firme intégrée sur le modèle fordiste.