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Commerzbank renonce à son régime d'entreprise

SANS | publié le : 24.02.2004 |

La Commerzbank, quatrième banque privée allemande, supprime en urgence son coûteux régime de retraite. Tollé chez les salariés et les politiques. Dans le pays, les régimes d'entreprise se sont multipliés, mais ils sont de moins en moins financés par l'employeur.

Munich, Brême, Hambourg, Dortmund... Depuis la décision prise fin décembre par la Commerzbank, quatrième banque privée allemande, de supprimer le régime de retraite complémentaire qu'elle offrait jusqu'alors à ses 22 000 salariés, pas un jour, ou presque, ne s'écoule sans que ses salariés ne manifestent. Le comité d'entreprise et le puissant syndicat Ver.di somment la direction d'ouvrir des négociations. « Si aucun accord n'est trouvé d'ici à fin février, nous irons en justice », a mis en garde Uwe Foullong, représentant de Ver.di au conseil de surveillance de la Commerzbank.

Mesure irresponsable

La colère des salariés est d'autant plus grande que les membres du directoire, eux, échapperont à la mesure. Selon la direction, la retraite complémentaire était devenue un « risque substantiel pour l'avenir ». Ce régime chapeau prévoyait le versement d'une pension mensuelle avec une compensation des éventuelles réductions de prestations des retraites publiques.

Cette décision, prise dans l'urgence, car elle ne peut se faire que si l'entreprise est déficitaire, comme en 2003, a provoqué un tollé outre-Rhin. Même le parti libéral, proche du patronat, a qualifié la mesure « d'irresponsable ». Les politiciens redoutent un effet "boule de neige". L'assureur Gerling et le laboratoire Schering ont déjà annoncé leur intention de réduire leur plan de retraite.

Réduction des coûts

Mais, selon Boy-Jürgen Andresen, du cabinet de conseil Dr Heissmann, les craintes sont injustifiées : « Nous assistons, au contraire, à une renaissance des retraites d'entreprise. » En effet, depuis la réforme allemande des pensions, en 2001, les retraites professionnelles connaissent un véritable boum ; 15,3 millions de salariés en disposent aujourd'hui, soit 10 % de plus qu'en 2001 ; 42 % des salariés du privé sont titulaires d'une retraite d'entreprise, contre 29 % en avril 2001. La réforme, qui introduit pour la première fois des fonds de pension à l'anglo-saxonne, permet au salarié d'exiger une telle retraite de son employeur, contre cotisation à la source sur son salaire.

En revanche, l'époque où les entreprises alimentaient à elles seules des régimes de retraite complémentaire semble s'achever. « Les entreprises changent leurs dispositifs pour réduire les coûts », observe Boy-Jürgen Andresen. Et pour cause. Selon le cabinet SES, la moitié des grandes entreprises cotées au DAX 30 souffriraient de leurs engagements coûteux. Chez HypoVereinsbank, les contributions de l'entreprise représentent 17 % de la masse salariale, devant E.ON (15 %), Deutsche Telekom (14 %) et la Commerzbank (13 %).