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Alès réinvente son industrie

SANS | publié le : 24.02.2004 |

Créé en 1999, le pôle de développement économique Myriapolis a contribué, en cinq ans, à la création de 2 000 emplois à Alès (Gard). Une reconversion réussie pour l'ancien bassin minier.

En Languedoc-Roussillon, on appelle cela le « paradoxe cévenol ». Alès, ancienne cité minière sinistrée, qui comptait 20 % de chômeurs dans les années 1990, est, aujourd'hui, l'un des bassins les plus dynamiques du Midi en matière d'emploi. Les offres recensées par l'ANPE y ont progressé de 12 % en un an (chiffre à fin 2003), tandis qu'au plan national, elles baissaient de 1,3 %. Le nombre de chômeurs a reculé de 7,6 % dans le bassin, alors que, pour l'ensemble de la France, il a augmenté de 6 %. Conséquence, le taux de chômage alésien est descendu à 13,7 %.

Pôle de développement économique

Cette réussite est, en bonne partie, l'oeuvre du pôle de développement économique Myriapolis, créé en 1999 par l'ensemble des acteurs locaux : collectivités, services de l'Etat, Charbonnages de France, ANPE, chambres consulaires, entreprises... En cinq ans, Myriapolis a aidé pas moins de 175 projets d'entreprise (créations, délocalisations ou développements). Chaque année, cette structure légère (sept permanents) accompagne, en moyenne, 400 créations d'emplois industriels. « Le bassin d'Alès a su rebondir », constate David Vialat, directeur de l'agence ANPE d'Alès-Bruèges.

Pourtant, à la fin des années 1990, la situation d'Alès n'incitait guère à l'optimisme. Les mines avaient presque toutes cessé de produire (la dernière benne de charbon est partie en janvier 2001) et des poids lourds comme Alcatel et Alstom venaient de fermer leur usine alésienne. Pour relancer la création d'emploi, les partenaires réunis dans Myriapolis ont d'abord défini une stratégie claire. « Ils ont misé sur trois filières industrielles à forte capacité de croissance : les sports mécaniques, les éco-industries et les biotechnologies », raconte Philippe Aparicio, chargé de mission formation du pôle alésien.

Une ville à l'écoute des entreprises

Environ 13 millions d'euros ont été investis pour construire un pôle mécanique de 90 hectares, en aménageant des circuits d'essai auto-moto et une zone d'activité dans une ancienne mine à ciel ouvert. Ces infrastructures ont accueilli des entreprises comme PGO, un fabricant français spécialisé dans les voitures "néo-rétro" (90 salariés aujourd'hui). « Cette ville est très à l'écoute de nos besoins, explique Olivier Baudouin, président de PGO. On nous a proposés un local contre un loyer symbolique pendant trois ans. Sur place, il y a l'Ecole des mines, avec des ingénieurs et des laboratoires, et de fortes compétences en sous-traitance sur le bassin... Un faisceau d'atouts dont tout petit constructeur européen rêverait ! » En matière d'éco-industries, Alès s'est appuyée sur l'Ecole des mines, dont l'un des centres de recherche est tourné vers la protection de l'environnement. Pour les biotechnologies, le bassin a misé sur la présence d'un laboratoire Inra/CNRS spécialisé dans ce domaine. Objectif : favoriser le transfert de technologie.

Un rôle d'interlocuteur unique

Des structures accompagnent chaque étape de la création d'entreprise : un incubateur à l'Ecole des mines qui accueille près de 70 projets par an, une pépinière, des ateliers-relais, des zones d'activité... Fin 2003, un bâtiment spécial a été construit pour accueillir le fabricant de biomolécules Mabgène. Au centre de ce dispositif, Myriapolis joue le rôle d'un "guichet unique" capable d'accompagner un projet de A à Z : démarches administratives, recherche de main-d'oeuvre, de terrains, de bâtiments, de banquiers, de sous-traitants... Une simplification appréciée par les nouveaux arrivants. Si Alès a été préférée à 40 autres villes françaises pour accueillir, fin 2002, le centre d'appels du voyagiste Lastminute.com, c'est en grande partie parce que la capitale des Cévennes a su présenter un interlocuteur unique : Myriapolis.

Mise en place de formations

Le pôle économique a aussi su fédérer les ressources locales en matière de formation. L'Ecole des mines d'Alès a créé un cursus destiné à former des "ingénieurs-entrepreneurs", afin de favoriser les projets de création d'entreprise. Des produits de formation ont été montés en partenariat avec l'ANPE pour répondre aux besoins locaux (notamment dans le secteur automobile). Quand Lasminute s'est installé, l'Afpa, le Greta et le lycée d'Alès ont mis en place des formations au métier de télé-conseiller. « Nous travaillons en amont sur la gestion des compétences », souligne Thierry Ponçon, directeur de Myriapolis.

Aides publiques

Enfin, le bassin d'Alès a bénéficié d'une gamme d'aides publiques non-négligeables. Il est en zone européenne Objectif 2, éligible aux fonds européen Feder (jusqu'à 35 % d'aide pour les entreprises) et FSE (50 % maximum). La prime à l'amé- nagement du territoire permet de débloquer une aide à la création d'emploi plafonnée à 11 000 euros par poste. Un fonds d'amorçage propose, avant la création d'une entreprise, une avance remboursable pouvant atteindre 38 000 euros, et, après création, un apport en fonds propres de la Sofirem, d'un montant maximal de 50 000 euros. Enfin, un fonds abondé par Charbonnages de France (CdF), le Fiba (Fonds industriel du bassin alésien), propose des financements en complément des aides publiques. A l'avenir, toutefois, ce fonds va diminuer, CdF devant se retirer en 2007. Les collectivités locales devront alors prendre le relais, si elles veulent préserver l'attractivité du pôle alésien.