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QUELS IMPACTS SUR LES ENTREPRISES ?

SANS | publié le : 17.02.2004 |

Les changements qui vont intervenir en matière de formation professionnelle, cette année, risquent de bouleverser les pratiques des entreprises. Comment responsables de formation et DRH peuvent-ils s'y préparer? Conseils et analyses d'experts.

De sérieux changements en matière de formation professionnelle risquent de se produire cette année. La contribution de l'entreprise ne va plus se mesurer seulement en pourcentage de la masse salariale, mais également en parcours individuels, en nombre de bilans de compétences, en validations de diplômes, en dossiers de CIF, en allocations de formation, en durées de périodes de professionnalisation, en nombre de contrats de professionnalisation, en taux de réalisation des entretiens professionnels ou en pourcentage de délivrance des passeports de formation, voire en quantité d'actions pour les plus de 45 ans ou autres populations ayant des droits spécifiques. A ces nouveaux termes et à cette nouvelle comptabilité, acteurs et consommateurs de la formation vont devoir s'adapter rapidement.

Deux tabous levés

« La nouvelle philosophie du plan de formation lève deux tabous, estime Alain Frédéric Fernandez, consultant. Le premier, c'est la vision, par le salarié lui-même, de sa "carrière" ou, au moins, de son parcours professionnel. Le DIF (Droit individuel à la formation) lui donne les moyens de réfléchir, et d'agir sur les compétences qu'il estime nécessaires à son propre développement, indépendamment des nécessités de l'entreprise. Ce droit lui demande un investissement minime, éventuellement sur son temps de repos (compensé par une allocation de formation de 50 % de son salaire). En échange, et c'est le second tabou qui est levé par les partenaires sociaux, l'entreprise peut parler, à l'avance, des changements qui pourraient affecter son organisation ou les compétences nécessaires. »

Nouvelles compétences

Dans cette optique, les managers vont devoir acquérir de nouvelles compétences, et, en particulier, s'approprier le nouveau dispositif de formation pour être capables de l'expliquer à chaque collaborateur et en tirer le meilleur profit (gestion des temps, des coûts, équilibre des droits et devoirs, diminution des risques de contentieux).

Faut-il, pour autant, penser que, par ces changements, on passe, définitivement et sans transition, d'une obligation fiscale d'entreprise à un droit individuel à la formation, comme l'affirment certains ? Pas sûr. Cet avis est à la fois trop pessimiste sur sa première partie et trop optimiste sur sa seconde. L'obligation légale a certes créé un réflexe "anti-impôt supplémentaire " dans certaines entreprises, mais beaucoup d'entre elles ont compris aussi que cette obligation de financement n'empêchait pas une utilisation intelligente de ces fonds.

A l'inverse, le nouveau DIF est souvent présenté comme un réel nouveau droit pour le salarié, alors que ses modalités de déclenchement ne le rendent pas opposable à son employeur. La grande nouveauté de cette loi est, en fait, de jouer la carte du contrat négocié. C'est une nouvelle habitude à prendre, pour les entreprises comme pour les salariés.

Professionnalisme

Du côté des responsables formation, quel va être exactement l'impact de cette nouvelle philosophie sur leur activité et sur leur rôle ? Assisterons-nous à une valorisation et à une montée en puissance des responsables formation, grâce à un professionnalisme renforcé et reconnu ? Ou, au contraire, constaterons-nous leur disparition au profit des DRH, voire des DG, plus politiques, qui pourraient estimer, désormais, que les nouveaux enjeux de la formation ne peuvent être pilotés en première ligne par de "simples" responsables formation ?

Réponses variables

Les réponses ne seront certainement pas univoques et varieront forcément selon l'entreprise, son climat social, ses partenaires sociaux, sa culture formation. Elles différeront, également, selon la personnalité du responsable formation et la manière qu'il aura eue d'aborder ces nouveaux défis, mais aussi selon la façon d'apporter des solutions à tous les problèmes posés par la mise en place de cette nouvelle philosophie de la formation. Une chose est sûre : les responsables formation vont être amenés à mouiller leur chemise.

L'essentiel

1 La réforme de la formation professionnelle qui s'annonce est encore d'une ampleur insoupçonnée. 69% des DRH et RF s'attendent à ce que les salariés se sentent davantage concernés par le développement de leurs compétences.

2 De très nombreux points techniques ne sont pas encore réglés, et ne le seront certainement pas avant la mi-juillet prochaine.

3 La question du provisionnement financier du DIF (Droit individuel à la formation) par les entreprises n'est pas tranchée et pourrait être une bombe à retardement.