«Notre politique de rétribution du travail de nos salariés nous situe dans le haut du marché. En revanche, nous ne pouvons pas nous aligner sur nos concurrents en termes d'opportunités de carrière, du fait de notre taille », expose Stéphane Charbonnier, DRH de PepsiCo France.

Cette structure, qui assure la commercialisation des produits du groupe agroalimentaire (boissons sans alcool, snacks, céréales...), ne compte, en effet, que 250 personnes, et s'organise selon une ligne hiérarchique très courte. « Le lien émotionnel, poursuit le DRH, doit permettre de retenir un salarié qui, ne pouvant pas évoluer, penserait à partir. »

Contrebalancer des désavantages objectifs par un avantage subjectif, pour, in fine, faire rester le salarié dans l'entreprise. Tel est le calcul général de la politique RH que mène Stéphane Charbonnier, afin d'anticiper les risques de pénurie de talents et de contrer la chasse de la concurrence au sein de ses propres effectifs. Le principal levier, pour créer ce lien, réside dans la conciliation entre la vie privée et la vie professionnelle des salariés. Ce point a été identifié à la faveur d'une enquête de climat social menée voilà trois ans.

Comme l'admet Stéphane Charbonnier, les salariés sont jeunes (32 ans en moyenne), en train de constituer leur foyer et ils travaillent énormément. En outre, la conciliation vie privée/vie professionnelle renforce la politique menée par la direction en faveur de la parité hommes/femmes.

Concrètement, la direction s'est efforcée d'améliorer les conditions de travail des salariés, en mettant à leur disposition des bureaux ergonomiques et des salles de réunion en terrasse. Elle a également entrepris de faciliter leur vie quotidienne, en proposant des services (pressing, courses...) via l'offre d'Accor Services "Bien-être à la carte". Certains salariés sédentaires sont, en outre, équipés d'un ordinateur portable, leur permettant de travailler chez eux. Enfin, en mars prochain, la direction ouvrira des "espaces de convivialité" où les salariés pourront jouer au Baby-foot, à moins qu'ils ne préfèrent une partie de tennis (location de court gratuite).

« C'est ce dont les salariés se souviendront peut-être s'ils songent à quitter l'entreprise », explique Stéphane Charbonnier. Celui-ci souligne, également, l'importance d'un management proche des salariés, d'ailleurs mis en avant sur le site Internet de l'entreprise, qui vante « une réelle convivialité au sein des équipes, facilitée par une hiérarchie courte ».

Résultat : PepsiCo France annonce un taux de turn-over inférieur à 10 % chez les commerciaux, qui représentent la moitié de la population de l'entreprise. Entre 2000 et 2003, l'indice de satisfaction sur les efforts de l'entreprise pour aider les salariés à concilier vie privée et vie professionnelle est passé de 43 % à 66 %.

Si cette politique du lien émotionnel rappelle certains excès des start-up, où se mélangeaient dangereusement l'affect et les relations professionnelles, Stéphane Charbonnier se défend d'agir dans le même état d'esprit : « Contrairement à ce que faisaient certaines start-up, nous ne cherchons pas à faire croire que l'entreprise est une grande famille. Notre politique est d'aider les salariés à concilier leur vie professionnelle et leur vie privée, et non de brouiller la frontière entre les deux. En outre, il ne faut pas confondre la proximité, que nous défendons, et la familiarité. »

> Activité : commercialisation de produits alimentaires, dont Pepsi Cola.

> Effectifs : 250 salariés en France.

> Chiffre d'affaires : 466,8 millions d'euros en 2003.