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L'Espagne face au départ des multinationales

SANS | publié le : 03.02.2004 |

Les délocalisations se multiplient. L'Espagne, qui a subventionné l'installation d'entreprises étrangères, ne profite plus de ses coûts du travail compétitifs. Et les groupes qui partent ne sont pas obligés de reclasser les salariés.

L'Espagne, qui a profité un temps des délocalisations grâce à des coûts du travail modestes, expérimente aujourd'hui l'envers de la mondialisation, alors que des groupes industriels annoncent en cascade qu'ils quittent le pays. Dernier en date : le coréen Samsung, qui ferme son usine catalane, où travaillent 446 personnes, pour transférer la production en Slovaquie. Il abandonne aussi la Grande-Bretagne, dans le cadre d'une réorganisation européenne. En Espagne, Valeo, Lear (1 100 postes), Philips (100 salariés) ou Bayer ont déjà mis la clé sous la porte. Et Autotex (fabrique des airbags), filiale espagnole du groupe américain Milliken, vient aussi d'annoncer une délocalisation de la production en République tchèque, laissant 173 salariés espagnols sans travail. Nissan, qui emploie 3 615 personnes à Barcelone, n'a pas calmé les esprits, en annonçant que l'avenir de sa production était conditionné à une réduction de ses coûts de 31 % (!).

Aides sans condition

Les syndicats sont pessimistes. Ils prévoient 1 500 pertes d'emploi dans le secteur de l'électronique grand public. La pilule est d'autant plus amère, concernant Samsung, que le gouvernement catalan l'avait aidé à hauteur de 3,48 milliards d'euros. « Mais ces aides sont sans condition ; il n'existe aucune loi pour obliger ces entreprises à rester ou, au moins, à trouver un autre poste pour les licenciés », se lamente Ramón Gorriz, chargé des politiques industrielles à la fédération métallurgie de la confédération Commissions ouvrières (CC.OO). Les syndicats réclament des initiatives communautaires et nationales. « Un ministère de l'Industrie doit servir à anticiper ; il n'existe même pas d'observatoire industriel, ce que nous réclamons depuis des années. L'heure est pourtant grave, car les entreprises font de la délocalisation une idéologie et l'utilisent comme moyen de négociation », s'exclame Ramón Gorriz.

Des salariés jeunes

Quel sort pour des milliers de licenciés ? Samsung a simplement affirmé avoir contacté une société d'outplacement. « Tous les licenciés de ces entreprises sont jeunes, ils ont moins de 35 ans, donc le système des préretraites n'est pas envisageable », explique Juan-Luis Goujon, directeur général de MOA, filiale du groupe BPI. Le reclassement reste un concept nouveau outre-Pyrénées. Mais les perspectives semblent positives. MOA a, ainsi, réussi, en trois mois, à trouver un poste à la moitié des 350 licenciés de Valeo. « Le marché est beaucoup plus porteur qu'il y a deux ou trois ans, même si nous sommes encore loin derrière la France ; mais, avec 2005 et la fin des quotas avec la Chine, les demandes de reclassement vont affluer, surtout dans le textile », prévoit Juan-Luis Goujon.