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Des élus UMP contre un actionnaire indélicat

SANS | publié le : 03.02.2004 |

Alors que le sort de la fonderie Valfond de Saint-Dizier, et de ses 223 salariés, était examiné au tribunal de commerce le 30 janvier, les élus locaux UMP veulent attaquer en justice le groupe, qui a déposé le bilan après avoir reçu des subventions.

Ils ne veulent pas d'un "nouveau Metaleurop" dans leur région. Mais ces élus UMP de Champagne-Ardenne, qui craignent les conséquences sociales et environnementales d'une liquidation de la fonderie Valfond Saint-Dizier, ne se contenteront pas de défiler dans les rues de cette ville de 32 000 habitants, dans la Haute-Marne, qui pâtit déjà d'un taux de chômage de 12 %.

Attaque en justice

Au contraire, ils vont attaquer en justice l'actionnaire de la fonderie de 223 personnes, le groupe Valfond SA. Et, dans cette action, intentée par leur avocate Pernette Lehman, Jean-Claude Etienne, président de Champagne-Ardenne, François Cornut-Gentille, député-maire de Saint-Dizier, Bruno Sido et Luc Chatel, respectivement président et vice-président de Haute-Marne, se retrouveront aux côtés de la CGT et du CE de l'entreprise, accompagnés de l'avocat Philippe Brun.

Cet attelage de circonstance se dit inquiet pour l'emploi, autant que floué par l'entreprise. Car la fonderie de Saint-Dizier est en dépôt de bilan depuis octobre et son actionnaire, le groupe Valfond, qui, sur 44 établissements en France, n'en détient plus que quatre, souhaite se désengager aussi de la fonderie de Saint-Dizier. Ce groupe, qui appartient lui-même à l'Union des banques suisses (UBS), ne veut plus payer pour la fonderie sous administration judiciaire, plombée par les difficultés d'un secteur, mais aussi par des erreurs de gestion.

Patron voyou

Dès octobre dernier, les représentants de l'intersyndicale dénonçaient la gestion du site, avec des matières premières manquantes, des livraisons défaillantes. « N'ayons pas peur des mots, tempête Me Brun. Il s'agit d'un patron voyou. On assiste à l'abandon pur et simple d'une filiale. » Mais, si les élus se sentent également floués, tout comme leurs administrés, c'est qu'ils ont subventionné l'activité de Valfond Saint-Dizier, à hauteur de 5 millions d'euros. Et ils entendent, aujourd'hui, faire respecter le protocole, signé avec l'entreprise en 2002, qui prévoyait la mise aux normes écologiques du site, sa modernisation et sa pérennisation, ainsi que le recrutement de 66 personnes en contrepartie de ces subsides publics. Alors que l'accord portait sur une période allant jusqu'à 2006, « la maison mère Valfond et son actionnaire UBS se sont désengagés, explique François Cornut-Gentille. Et les enga- gements pris par l'entreprise n'ont pas été respectés ».

Aujourd'hui, le site reste pollué, avec des stocks de produits toxiques non traités. De plus, selon Franck Lachenal, secrétaire du CE, « Valfond avait gonflé les commandes en 2002, pour obtenir les subventions, et, aujourd'hui, on ne peut pas les respecter ».

« Le groupe Valfond s'est fortement engagé dans la gestion de ce site, argumente Me Lehman. Les collectivités locales ne se seraient pas aussi fermement investies sans la caution de Valfond et d'UBS. » Pourtant, la signature du groupe bancaire suisse ne figure pas en bas de l'accord, au côté de celle de sa filiale française.

Responsabilités pénales

Si Valfond n'est pas solvable, il reste l'actionnaire UBS, insistent, malgré tout, les élus. Une action judiciaire par-delà les frontières sera sans doute délicate, mais des responsabilités pénales et individuelles sont susceptibles de remonter, notamment sur les problèmes d'environnement, juge leur avo- cate.

De son côté, la direction de Valfond a affirmé avoir investi, au total, près de 9 millions d'euros dans la fonderie de Saint-Dizier et soutient l'unique projet de reprise du site porté par son actuel directeur.

Metaleurop : impunité pour l'actionnaire Glencore

- Pour Glencore, le dossier est clos. Le groupe financier à capitaux suisses ne sera pas inquiété par la justice pour sa responsabilité dans le dépôt de bilan de la fonderie Metaleurop à Noyelles-Godault.

- En janvier 2003, le groupe Metaleurop, dont Glencore est actionnaire majoritaire, a déposé le bilan de la fonderie de Noyelles-Godault, site classé Seveso 2, évitant de prendre en charge le coût de la dépollution et d'un plan social pour les 830 salariés. Protégé par les frontières et le cloisonnement entre sociétés indépendantes, quelle que soit la composition de leur capital, le groupe suisse ne paiera rien.

- Le 6 août dernier, les juges de la cour d'appel de Paris ont, en effet, débouté l'Agence de l'environnement et le ministère de l'Ecologie de leur demande d'expertise financière de Metaleurop. Par conséquent, le groupe est dégagé de toute responsabilité concernant la dépollution du site. Quant à sa responsabilité humaine, c'est finalement l'Etat français qui a payé le plan social.