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Les bons résultats d'une mobilisation permanente

SANS | publié le : 20.01.2004 |

Voilà deux ans que la division usine de production de pneumatiques du groupe Continental a modifié son système de prévention des risques. A Clairoix (60), récompense collective et entretiens personnalisés ont porté leurs fruits.

Dès que l'on franchit les portes du site du groupe Continental de Clairoix (60), un panneau annonce les résultats en matière de risques professionnels : le dernier accident avec arrêt date du 21 novembre 2003. « Il y a trois fois moins d'accidents aujourd'hui qu'il y a un an, souligne Jean-Pierre Bibaut, coordinateur sécurité environnement. L'objectif d'un accident par mois au maximum est visé sur les deux ans à venir, la cible de zéro accident étant difficile à atteindre. »

Information et sensibilisation

Dans cette entreprise de 1 200 personnes, l'information et la sensibilisation sont permanentes. Accidents, arrêts de travail, production, efficience, déchets, tout est affiché. Selon les données de ces panneaux, les membres d'un atelier sont conviés à une réunion mensuelle de sensibilisation. De plus, depuis près de vingt ans, les accords d'intéressement prennent en compte la fréquence des accidents du travail. Tout salarié est informé par affichage de l'évolution des primes (d'un montant maximum de 1 200 euros) en liaison avec la réalisation ou non des objectifs (accidents, déchets, absentéisme, production).

Cependant, à Clairoix, ce système n'a pas suffi à produire les résultats escomptés. La division usine a, il y a un an, décidé de donner un nouveau coup de fouet à sa politique de prévention. Un système de reconnaissance collective a été institué pour le personnel des équipes ayant des périodes sans accident du travail. Trois catégories ont été créées : un an, deux ans et mille jours sans accident du travail. Chaque membre de l'équipe se voit récompensé à l'occasion d'une cérémonie officielle, en présence du directeur de l'usine.

Nouveau management

Précisément, l'arrivée d'un nouveau directeur, Thierry Wipff, n'est pas étrangère au virage qui a été pris. Un nouveau type de management a été insufflé. Le responsable sécurité est devenu "coordinateur sécurité environnement" et, à chaque niveau hiérarchique, des responsabilités sécurité ont été reprécisées. L'accent a été mis sur l'information et sur les actions permettant de mieux comprendre les conditions dans lesquelles surviennent des accidents. Des réunions d'information, animées par le directeur et impliquant l'ensemble des salariés, ont été organisées avec, comme leitmotiv, le message "production-qualité-sécurité".

De plus, un suivi permanent a été instauré, avec pour cibles les polyaccidentés et les accidents avec arrêt. Pour les premiers - des salariés qui font des passages fréquents à l'infirmerie, même pour des accidents bénins -, 33 ont été identifiés à l'aide d'un suivi des soins à l'infirmerie sur une période de référence. Chacun a eu un entretien avec le coordinateur sécurité et le responsable d'atelier.

Travail d'enquête

Quelques bémols ont toutefois été exprimés sur cette démarche. Les syndicats y voient des risques de dérive vers le disciplinaire et une demande a été formulée pour que le salarié soit assisté. Une proposition que la direction a rejetée, considérant que cet entretien s'inscrit dans le cadre normal de la relation salariale. S'agissant des accidents avec arrêt, un travail d'enquête est systématiquement diligenté. Sur la base des "5 M" (main-d'oeuvre, milieu, méthode, matériel, matière), le coordinateur sécurité instruit ces investigations avec le témoin, la victime, la maîtrise et deux membres du CHSCT. En outre, des postes adaptés sont proposés au salarié ayant eu un accident du travail. Une vingtaine de reclassements ont, ainsi, été effectués sur un an.

Comité de pilotage pluridisciplinaire

Ces enquêtes s'intègrent dans un système de reporting qualité (Quality Operating System) où chaque acteur est impliqué. Point essentiel : y figurent des indicateurs de suivi des questions soulevées par le CHSCT. Outre les réunions trimestrielles, d'autres rencontres permettent de présenter au CHSCT tout projet nécessitant de nouveaux équipements ou, de manière générale, toute évolution sur le site. Le CHSCT a également été étroitement associé au comité de pilotage pluridisciplinaire mis en place pour l'élaboration du document unique d'évaluation des risques depuis 2002.

Une démarche participative que l'on retrouve dans l'autre domaine de prédilection de cette entreprise : la protection de l'environnement. Depuis 1997, le site de Clairoix développe une politique environnementale (la norme ISO 14001 a été adoptée ainsi que le système communautaire Eco Audit) qui a des implications sur la prévention des risques en interne : maîtrise de l'utilisation de produits dangereux, des risques d'incendie, mesures du niveau d'amiante, réduction des bruits, etc.

Responsabilisation

Ces politiques font appel à une plus grande responsabilisation des salariés dans le domaine de la sécurité et de la santé. Un axe qui va être encore renforcé à l'avenir. Compte tenu de la spécificité de sa population - de 2000 à 2002, près de 300 jeunes de 19 à 25 ans ont été recrutés -, l'entreprise est, aujourd'hui, confrontée à des problèmes de discipline, d'alcool, de drogue et de tabac.