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SANS

« Il ne faut pas se focaliser sur les différences culturelles »

SANS | publié le : 20.01.2004 |

E & C : Quelles sont les raisons principales qui expliquent les échecs d'entreprises étrangères en Chine ?

A. M. : Les collaborateurs nouvellement arrivés en Chine ont la sensation que tout y est particulier. La langue, orale et écrite, l'éloignement des coutumes... tout renforce, il est vrai, l'impression de se retrouver dans un territoire inconnu et dans une situation de danger. Bien entendu, les différences culturelles existent, mais les étrangers se focalisent tellement sur elles qu'ils en perdent leurs repères. Du coup, ils prennent parfois des décisions aberrantes : une société française a, ainsi, construit deux usines de production sans aucune étude de marché préalable.

A cet écueil s'ajoutent aussi des difficultés réelles, par exemple, pour obtenir des informations et des statistiques fiables.

N'oublions pas, enfin, que la Chine s'insère dans une zone économique où le Japon et la Corée demeurent les deux marchés principaux. Les entreprises qui réussissent en Asie et en Chine considèrent l'aire géographique dans son ensemble.

E & C : Certains managers français reprochent au personnel chinois son manque d'autonomie. Qu'en pensez-vous ?

A. M. : Je suis gêné quand on fait une règle générale de cette affirmation. Ces personnes appliquent à la Chine une vision culturaliste du management, selon laquelle les initiatives individuelles permettent d'optimiser l'organisation de l'entreprise et ses résultats. Cette vision, déconnectée du contexte local, me paraît assez étroite.

Au pays de Confucius, l'autonomie n'est pas concevable sans ordre, à l'image de la peinture chinoise codifiée, et pour laquelle l'innovation s'exprime uniquement dans les détails.

E & C : Autre reproche, le manque de fidélité...

A. M. : Je m'inscris en faux contre l'idée selon laquelle les "salariés chinois ne seraient pas fidèles". Le taux de turn-over moyen mesuré par le cabinet Hewitt se situe légèrement au-dessus des 11 %. Cela n'a rien d'exceptionnel, donc, dans une situation de croissance !

Certaines fonctions comme le marketing, la vente ou la logistique sont plus exposées, en raison du rapport offre-demande.