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SANS

Terrine et bisous

SANS | publié le : 13.01.2004 |

Conversation sur la motivation.

Entre deux tranches de foie gras, période oblige, nous évoquons la difficulté à se mettre au travail, et pour ceux dont c'est le si joli métier, à faire travailler les autres...

Pour tout le monde, il apparaît clair que travailler "sur l'élan" est plus facile que de retravailler, en particulier après les fêtes de Noël, les réunions familiales, les après-midi de farniente postprandial, et quelques descentes de ski au soleil (pour ceux qui ont eu cette chance).

C'est là que, justement, la motivation est réputée remettre en route la machine, activer les neurones légèrement embrumés par l'alcool, redonner "du sens" à notre quotidien, et nous mobiliser, hop, pour être opérationnels dès la première seconde.

Sacrée motivation !

Ce turbo caché en nous, ce gisement d'énergie mobilisable dans l'instant fait l'objet de tous les soins des spécialistes, et Dieu sait qu'il y en a ! On m'explique tour à tour les recettes magiques, les tours de main qui garantissent le succès, les secrets des meilleurs managers. (Avec les régimes pour maigrir et les recettes pour se faire des amis, la motivation est sûrement le thème qui remplit le plus les rayons des librairies, et pas seulement dans les gares...).

On entend tout et son contraire :

« Moi, dit le premier, c'est pas compliqué. Je concocte un grand show de début d'année. Je choisis un site gratifiant, et je mets le paquet. Résultats de l'année dernière, mobilisation sur les objectifs, un ou deux scoops, mise en vedette de quelques acteurs du terrain, rien que du classique. Je remonte les troupes à fond, et c'est parti. On peut se moquer, mais chaque fois qu'on a essayé de se passer de ce cinéma, on a mis trois mois à redécoller vraiment ! »

On ne se moque pas. On écoute.

« Vous rigolez, dit le deuxième. Ces histoires de motivation, ce sont de vieilles ficelles pour attacher les andouilles ! Tout le monde sait que la motivation est endogène, que chacun vit sa vie sur l'idée qu'il s'en fait, que les jeunes ricanent, et ils n'ont pas tort, de tout ce cinéma. Avec vos fumigènes, vous n'embrumez que les médiocres et vous lassez les meilleurs. Non, croyez-moi, on est motivé ou non. Et ces simagrées ne servent plus à rien ! »

Bon. C'est ce qu'on appelle un désaccord...

Interruption de la maîtresse de maison, que ces histoires d'entreprise lassent un peu... (On peut la comprendre...)

« En réalité, vous faites comme nous avec nos enfants étudiants : je leur livre des terrines en ville. Ils se moquent mais ils adorent. Je leur fais des bisous. Ils râlent mais ils en redemandent. Je ne les motive pas pour leurs études, ils s'en débrouillent très bien tout seuls. Mais j'assure l'intendance et je garantis l'affection. C'est pareil, non ? »

Je crois bien que oui, c'est pareil.