logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

SANS

Les 35 heures au fond des urnes

SANS | publié le : 06.01.2004 |

Approuvé seulement par la CFDT, le projet d'accord 35 heures de Michelin a dû être soumis au vote des salariés pour que l'entreprise bénéficie des aides de l'Etat. Le "oui" l'a emporté, mais il a laissé un goût amer à l'ensemble des partenaires sociaux.

La loi sur les 35 heures a remis au goût du jour la pratique du référendum. Et pour cause, elle obligeait les entreprises désireuses de bénéficier d'allègements de cotisations sociales à recourir à la consultation de leurs salariés lorsque l'accord était minoritaire. La Fnac, Alcatel Space, la Samaritaine, le CHU de Nantes et la Maif sont quelques-unes des entreprises à l'avoir utilisé.

Le travail du samedi

Michelin n'a pas fait exception. Après dix-huit mois de négociations, son projet 35 heures prévoyait onze jours de congés, plus quatre au titre de l'ancienneté, 1 000 embauches, une revalorisation des bas salaires, mais aussi une plus grande flexibilité des horaires avec, en particulier, le travail du samedi. Une disposition rejetée par l'ensemble des syndicats, exception faite de la CFDT. C'est donc cette organisation, favorable au projet de la direction, qui a réclamé la mise en place du référendum, comme le spécifiait la loi Aubry.

Mais cela n'a pas été sans heurts. En effet, la CFDT locale s'était prononcée contre la démarche du référendum, mais la centrale (fédération chimie-énergie) en avait décidé autrement. Pour la petite histoire : cette divergence a conduit à l'éclatement de la structure locale, plus de la moitié de ses membres l'ont quittée pour mettre en place une section Sud.

Finalement, la consultation des salariés a bien eu lieu et le "oui" l'a emporté à près de 60 %. Un véritable démenti pour les syndicats ayant milité contre le projet.

Mauvais souvenir

Pour autant, si l'accord 35 heures est passé selon les voeux de la direction, l'expérience du référendum ne fait pas partie des meilleurs souvenirs de Christian Delhaye, directeur du service du personnel France de Michelin. « Le référendum n'est pas un mode de fonctionnement normal de l'entreprise, précise-t-il. Dans le cadre de la nouvelle loi, le référendum ne serait rien d'autre qu'un constat d'échec du dialogue avec les organisations syndicales. »

Organisation très lourde

Et, outre les passions qu'il déchaîne, le référendum oblige à la mise en place d'une organisation très lourde, plutôt contre-productive au regard du fonctionnement normal de l'entreprise. Il nécessite, tout d'abord, d'informer le personnel sur le contenu de l'accord et sur le recours au référendum, ainsi que de mobiliser des managers.

L'autre difficulté, soulignée par Christian Delhaye, est « de persuader les salariés qu'ils sont concernés, qu'il ne s'agit pas d'une affaire regardant simplement le service du personnel et les syndicats. C'est, ainsi, beaucoup d'énergie dépensée à les convaincre de se prononcer ». Sur ce point, aucun doute, le but a été atteint ; 95 % des salariés ont, en effet, fait entendre leur voix.

MICHELIN

> Effectifs : 26 154 salariés sur 13 établissements.

> Date du référendum : 29 mars 2001.

> Taux de participation : 95 %.

> Score pour le "oui" : 59,6 %.