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Jouer en solo

SANS | publié le : 06.01.2004 |

Management par objectifs exigeant, individualisation croissante des rémunérations, classement fréquent des salariés selon le degré de performance..., nombreuses sont les initiatives qui encouragent la focalisation de l'individu sur lui-même. Les petites rivières se rejoignant pour former un grand fleuve, le risque est là. Effectivement, dans un système comme celui-ci, même le salarié généreux, ouvert aux autres, naturellement solidaire, se tournera en priorité vers ses résultats personnels, au détriment de son attention pour la performance collective et le climat d'équipe. Allons-nous engendrer des organisations composées principalement de joueurs en solo ? Ce serait grave. Surtout lorsque la plupart des grands succès d'entreprise reposent sur la collaboration, la rapidité de réaction, l'efficacité des équipes-projets et l'apprentissage collectif.

Comble de malchance, le stress et la peur (fréquents en entreprise aujourd'hui) viennent compléter le tableau, car ils incitent encore davantage à penser à soi. Par réflexe de survie.

En renforcement de ce mouvement centripète, l'individu prend goût à sa quête actuelle d'épanouissement personnel. Il veut équilibrer sa vie et la réussir dans tous les domaines : travail, famille, cadre de vie, expression de soi, ressourcement, etc. D'une certaine manière, la proposition que lui fait l'entreprise peut fort bien lui convenir, surtout s'il ne craint pas d'être évalué sur ses résultats. Car elle maintient l'ensemble de ses réflexions et préoccupations centrées sur lui.

Devenir le meilleur pour soi, d'accord, mais n'y a-t-il pas d'autres buts, d'autres moteurs ? Parle-t-on parfois de devenir meilleur "pour les autres" et non pour soi ? Rarement, sans doute, car on ne sait même plus qu'être "humain" signifie "être relié". Relié aux autres, au monde ; en communauté avec sa famille, ses proches, ses collègues ; bref, interdépendants. A force d'insister sur la dimension individuelle, on finit par ignorer la force principale de l'homme : participer à des actes qui ont un sens, poursuivre un grand dessein, réaliser son rêve de vie et donner à son existence sa vraie dimension. Tant que le dessein est personnel, il est encore petit. Tant que le rêve est tourné vers soi, il ne constitue qu'une étape. Le vrai rêve n'est donc pas encore identifié, il a besoin d'être précisé, approfondi.

Que chacun de nous avance vers son rêve, qu'il fasse progresser un grand dessein, et, à travers sa transformation personnelle, qu'il devienne plus humain (mieux humain), voilà les voeux que je formule pour l'année qui s'ouvre.