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Grenoble renforce le pôle des nanotechnologies

SANS | publié le : 06.01.2004 |

A Grenoble, les écoles et les universités ont décidé de lancer une nouvelle offre de formation consacrée aux nanotechnologies, avec un leitmotiv, faire partie intégrante du projet Minatec, une plate-forme de recherche et de valorisation industrielle consacrée à ces technologies du futur.

Une école européenne sur les nanosciences et les nanotechnologies, un mastère de recherche, un diplôme d'ingénieur international, une formation en management, une filière universitaire baptisée Ica (Information cognitive et apprentissage), sans compter de multiples formations de techniciens et les cursus en formation continue...

Sans attendre l'arrivée de Minatec, un nouveau pôle d'innovation en micro et nanotechnologies, lancé en janvier 2002, à l'initiative du CEA, de son Léti (Laboratoire d'électronique, de technologie et d'instrumentation) et de l'INPG (Institut national polytechnique de Grenoble), les écoles prennent les devants. Elles investissent massivement en formation pour être en phase avec le monde de la recherche industrielle.

Formation d'ingénieur et de manager

Aux premières loges, l'INPG joue un rôle de locomotive dans le projet. C'est lui qui lance, par exemple, dès la rentrée prochaine, un diplôme d'ingénieur international en micro et nanotechnologies, en collaboration avec le politecnico de Turin et l'école polytechnique de Lausanne. Cette formation, qui se déclinera sur les trois sites (Grenoble, Lausanne et Turin), accueillera 40 à 60 étudiants. Les premiers diplômés sortiront en juillet 2006. Quant à l'école de commerce, elle s'est choisi pour spécialité, sous l'impulsion de son directeur, Thierry Grange, le management des technologies. Une formation de manager en nanosciences pourrait voir le jour en 2005.

Nouvelles filières universitaires

L'université n'est pas en reste. Elle propose également une filière Ica consacrée à l'utilisation des objets communicants. L'objectif étant de former ergonomes, sociologues et informaticiens. Parallèlement, l'INPG Grenoble, l'université Joseph-Fourier, le CEA et le CNRS montent en commun une école européenne des nanosciences et des nanotechnologies, "Essonn", qui cible un public de chercheurs européens : étudiants de niveau doctorat, chercheurs postdoctoraux, ingénieurs de recherche et de développement. La première session aura lieu à l'été 2004.

La rentrée 2005 devrait également permettre à un nouveau master recherche sur les nanosciences de voir le jour.

Répondre aux besoins des industriels

Points communs de ces formations : apporter des réponses aux préoccupations concrètes que rencontrent les industriels et les chercheurs au quotidien. A l'INPG, par exemple, les industriels ont mis l'accent sur l'international, un niveau d'anglais reconnu pour le Toeic et le Toef, ainsi qu'une formation en management aux sciences économiques (animation d'équipes, communication à l'international, présentation des projets...), représentant 20 % du cursus des ingénieurs. Idem à l'école de management. Des cours sur la qualité ont, ainsi, été intégrés au programme du mastère de management technologique, à la rentrée dernière, à la demande du comité scientifique composé de Schneider, du CEA Valorisation, ST Microelectronics, Hewlett Packard...

Cette évolution a une influence directe sur le fonctionnement même des programmes. Les écoles devant faire de plus en plus appel à des profils non académiques. Ainsi, à l'ESC Grenoble, 50 % des professeurs du mastère de management technologique sont des intervenants extérieurs : chercheurs, cadres d'entreprise, chefs d'entreprise...

Compétence technique et commerciale

Les opportunités devraient se situer dans les domaines du médical, de l'électronique, de l'automobile et de la sécurité. Il y aura des places à prendre dans les laboratoires de recherche et les industries qui chercheront à mettre sur le marché des produits innovants. Les profils recherchés concerneront les scientifiques et les ingénieurs formés à ces nouveaux horizons de la technologie. « Mais les technico-commerciaux seront également sollicités : entrepreneurs, chefs de projet, directeurs..., indique Jean-François Fiorina, directeur de l'ESC Grenoble. La double compétence technique et commerciale sera un avantage considérable pour ce type de structure, que ce soit pour la gestion des hommes, la recherche de financements, la gestion de la propriété intellectuelle ou encore la veille technologique... » Si, actuellement, 1 000 salariés sont présents sur ce pôle, 2 500 à 3 500 personnes de l'électronique, de l'informatique, des matériaux et de la biologie sont attendues pour 2005.

L'essentiel

1 Les écoles et les universités de Grenoble sont bien décidées à collaborer au développement du nouveau pôle d'innovation en micro et nanotechnologies, Minatec, lancé en janvier 2002, à l'initiative du CEA, de son Laboratoire d'électronique, de technologie et d'instrumentation et de l'INPG (Institut national polytechnique de Grenoble).

2 Plusieurs filières commencent à voir le jour, formation d'ingénieur international, filière universitaire, école de management....

3 Les débouchés devraient se situer du côté du médical, de la sécurité et de l'automobile.

Nanotechnologies : les promesses de l'infiniment petit

Les nanotechnologies, qui permettent de manipuler la matière à l'échelle du nanomètre (10-9 mètres, un milliardième de mètre), devraient ouvrir de nouveaux marchés. Les laboratoires parlent déjà d'objets communicants, dont la conception fait appel au savoir-faire micro et nano : étiquettes communicantes pour mesurer la traçabilité d'un vêtement, par exemple, voitures intelligentes reliées à un hôpital, à un centre de police, cartes à puce...

Le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) planche, de son côté, sur un programme de recherche sur les biopuces permettant de greffer de l'ADN sur du silicium, pour modifier les caractéristiques génétiques d'une protéine animale ou végétale. Un nouvel univers qui brise les frontières entre les différentes disciplines scientifiques, entre les domaine des sciences du vivant, de la physique, de la chimie et de l'électronique.

Les défenseurs du projet se plaisent à évoquer les promesses d'une nouvelle économie, espérant que ces technologies génèrent une croissance proche de celle constatée pour la révolution informatique. Les opposants rapportent, eux, à travers un site Internet satirique, baptisé Minatoc, les angoisses d'un monde aux allures de celui de 1984 de George Orwell, donnant la part belle aux industries de la défense et, plus particulièrement, aux armes de destruction massive.

Entre ces positions, Jean-Charles Guibert, adjoint au directeur du Léti, se veut plus mesuré : « Les nanotechnologies n'entraîneront pas une révolution du type Internet, il s'agit plutôt d'une évolution forte de la microtechnologie. Nous pénétrons dans l'infiniment petit, nous utilisons la matière à l'échelle atomique. »