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RTT de crise chez Opel

SANS | publié le : 23.12.2003 |

Les Allemands doivent-ils travailler plus ou moins ? L'accord sur une réduction du temps de travail, conclu début novembre entre la direction d'Opel et le syndicat allemand IG-Metall, a relancé le débat outre-Rhin.

Depuis le 10 novembre, les 5 500 salariés du site historique du constructeur automobile Opel, à Rüsselsheim, près de Francfort, ne travaillent plus que 30 heures par semaine au lieu des 35 heures fixées par l'accord de branche dans la métallurgie. Ils sont payés 32,6 heures, ce qui représente une perte moyenne, par salarié, de 85 euros net par mois. Objectifs de l'accord, limité à fin 2004 : faire face à la chute des ventes et sauvegarder 1 200 emplois.

Par solidarité, les autres salariés (R & D, administration) travaillent gratuitement dix minutes de plus par jour, soit trois heures par mois. Les 700 cadres dirigeants renoncent, eux, à deux jours de congé et à leur prime de Noël.

Plusieurs sociétés intéressées

Salué par les organisations patronales et syndicales et par le gouvernement Schröder, le modèle Opel ne constitue pas une exception. Deutsche Telekom veut, ainsi, réduire son temps de travail de 38 à 34 heures par semaine. Le groupe énergétique EnBW souhaite, de son côté, introduire la semaine des quatre jours. Selon l'institut économique WSI, une entreprise allemande sur vingt a déjà adopté un tel accord.

Les félicitations adressées à Opel par les fédérations d'employeurs peuvent surprendre. « Les RTT renchérissent le coût du travail et détruisent des emplois », met en garde la fédération patronale allemande (BDA), qui estime que les Allemands (de l'Ouest) ont les horaires annuels les plus courts au monde (1 557 heures dans l'industrie). « Nous devons travailler plus longtemps pour le même salaire », réclame Angela Merkel, chef de l'opposition conservatrice allemande (CDU). Wolfgang Clement, ministre de l'Economie, souhaite, même, supprimer un jour férié pour relancer la croissance.

Mais le patronat allemand n'est pas opposé à toute réduction du temps de travail : « Tout dépend de la situation de l'entreprise. En cas de crise, il peut être utile de réduire temporairement les horaires », avance Bettina Wehrich, expert du BDA, qui plaide pour des accords de branche plus souples.

Les conventions de branche contiennent déjà des exceptions. Celle de la métallurgie, dont relève Opel, autorise une réduction temporaire des horaires de 35 à 29 heures par semaine, avec baisse équivalente des salaires, pour sauvegarder des emplois. Elle permet aussi d'augmenter le temps de travail de 35 à 40 heures par semaine en cas de forte demande. Mais cette option est limitée à 18 % des effectifs. Ce n'est pas assez, estime le BDA, qui relancera le sujet lors des prochaines négociations tarifaires.