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« Il faut une révolution culturelle »

SANS | publié le : 23.12.2003 |

E & C : Dans l'étude que vous avez dirigée, vous appelez à une "révolution culturelle" en matière de politique des âges. En quoi consisterait-elle ?

G. L. : La nouvelle loi sur les retraites rend plus difficile les systèmes de sorties prématurées. Elle devrait entraîner des changements comportementaux de la part des acteurs économiques et sociaux pour passer d'une gestion par l'âge à une gestion des âges.

L'enjeu, actuellement, est celui du maintien dans l'emploi des quinquas et, surtout, des quadras, pour faire face aux risques de pénurie de main-d'oeuvre et de tension salariale.

Pour faire cette révolution, les entreprises devront effectuer un véritable travail de désintoxication. Car, au cours de la dernière décennie, leur politique a consisté à se séparer prématurément des salariés âgés, dans le but, notamment, de réduire les sureffectifs engendrés par les restructurations liées aux fusions-concentrations.

E & C : Vous partez de l'hypothèse que les sociétés d'assurance, emblématiques de la politique de départs anticipés pour l'avoir pratiquée pendant des années, cesseront effectivement de le faire. Joueront-elles le jeu de la loi sur les retraites ?

G. L. : Je le pense. Les sociétés d'assurance ont déclaré vouloir cesser d'utiliser les dispositifs de préretraites à partir de cette année.

Les dispositifs qu'elles utilisaient, toujours autofinancés, étaient supportables financièrement tant qu'il s'agissait de faire sortir les classes creuses 1941-1946. Ils ne le seraient plus aujourd'hui.

De plus, acteurs du marché de l'épargne retraite, elles doivent être exemplaires dans l'application de la loi. Déjà, nous constatons un ralentissement des sorties, qui pourrait marquer le début d'un changement culturel des entreprises.

E & C : Pourquoi la réflexion sur le maintien dans l'emploi des quadras est-elle si peu avancée dans les autres secteurs ?

G. L. : Il n'y a jamais vraiment eu de réflexion sur ce sujet, car l'idée d'embaucher des jeunes, en substitution des départs anticipés des salariés âgés, a toujours fait consensus, au nom de l'emploi, entre les entreprises, les syndicats et l'Etat. Cela a évité les arbitrages entre rajeunissement et maintien dans l'emploi. Ensuite, le débat sur les retraites ne s'est intéressé qu'à la question de leur financement.