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Les préfets mobilisés contre la pénurie de main-d'oeuvre

SANS | publié le : 16.12.2003 |

Le ministre des Affaires sociales demande aux préfets, à l'ANPE et à l'Afpa de se mobiliser afin de réduire, d'ici à fin 2004, de 100 000 le nombre d'offres d'emploi non pourvues.

Le délai laissé aux préfets par François Fillon est court. Ils ont, en effet, quatorze jours pour déterminer une stratégie visant à réduire les pénuries de main-d'oeuvre au niveau local. Ils devront, ainsi, communiquer, le 22 décembre, les objectifs qu'ils se sont fixés et les initiatives qu'ils ont prises pour répondre aux difficultés identifiées. L'objectif principal du ministre des Affaires sociales étant de réduire de 100 000 le nombre d'emplois non pourvus (sur 320 000), d'ici à décembre 2004. C'est le sens de la lettre envoyée, le 8 décembre dernier, aux préfets de région et de département, ainsi qu'aux directeurs généraux de l'ANPE et de l'Afpa (Association pour la formation professionnelle des adultes).

Le locataire de la rue de Grenelle sait, en effet, que l'embellie attendue pour l'année prochaine ne suffira pas à diminuer significativement le nombre de demandeurs d'emploi. Selon l'Unedic, en effet, si 135 000 emplois devraient être créés en 2004, le nombre de chômeurs, lui, ne devrait baisser que de 40 000. Or, plusieurs secteurs, comme, par exemple, le bâtiment et les travaux publics, l'hôtellerie-restauration, les métiers de bouche (boulangerie-pâtisserie, traiteur...), le transport, ou encore le secteur des services à la personne peinent à recruter.

Avant-goût des pénuries à venir

De fait, dans l'industrie, 24 % des DRH éprouvaient des difficultés à embaucher au troisième trimestre 2003, selon l'Unedic. Les tensions sont encore plus vives dans le bâtiment : 69 % des chefs d'entreprise ne trouvent pas de candidats à l'emploi. Une situation « inacceptable » aux yeux du ministre, alors que la France compte 2,5 millions de chômeurs.

Certes, le phénomène n'est pas nouveau, mais ces difficultés ne sont qu'un avant-goût des pénuries à venir. Car, pour Claude Siebel, qui a présidé le groupe des métiers et des qualifications, auteur du rapport Avenirs des métiers (1), la démographie ne viendra pas au secours des emplois mal aimés : « Les secteurs traditionnels sujets aux problèmes de pénurie s'exposent à être désertés si les tensions deviennent plus vives. Ils ont donc tout intérêt à s'efforcer d'améliorer l'attractivité des emplois qu'ils proposent. »

Malheureusement, la perspective de faire carrière dans ces métiers n'enthousiasme guère les jeunes. Dévalorisés par le système scolaire, qui privilégie la filière générale, touchés par des horaires pénibles et des conditions de travail plus contraignantes que la moyenne, ces métiers cumulent les handicaps (voir Entreprise & Carrières n° 686).

Etablir des diagnostics régionaux

Enoncé au cours de la table ronde sur l'emploi, le 21 octobre dernier, ce nouveau plan d'action vise, ainsi, à réduire le fossé entre demandeurs d'emploi et recruteurs. Concrètement, le ministre demande aux préfets d'établir des diagnostics régionaux, de négocier des engagements contractuels avec les professions qui connaissent des difficultés de recrutement, ou encore de renforcer l'attractivité de certains secteurs.

Pour y parvenir, « le service public de l'emploi régional (SPER) choisira plusieurs métiers (entre trois et cinq) sur lesquels il estime que des tensions existent. Il fixera, pour chacun d'entre eux, un objectif d'accroissement d'au moins 20 % du nombre d'offres d'emploi satisfaites en 2004 ». De son côté, l'Afpa facilitera « l'acquisition des compétences et des qualifications en lien avec ces métiers ».

Le pari est-il réalisable ? D'ores et déjà, sur le terrain, quelques initiatives existent. A l'ANPE de Valenciennes, dans le Nord, par exemple, où 10 % des offres recueillies cette année restent non pourvues (soit 550 offres), une antenne emploi dédiée aux grands travaux (et notamment à la construction du tramway) vient de voir le jour. Cette antenne, qui réunit les acteurs locaux et les services publics de l'emploi, propose à chaque candidat une évaluation de ses compétences pour élaborer, ensuite, des parcours de formation qualifiants en fonction des besoins des entreprises.

A Troyes (10), 90 % des offres d'emploi sont satisfaites. Mais l'ANPE vient de lancer une opération de sensibilisation aux métiers du bâtiment, avec la Capeb (Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment) et la fédération professionnelle de l'Aube, à destination des femmes. Elles sont, actuellement, 25 à suivre des formations en alternance. Les besoins sont énormes entre 2004 et 2010, 1 800 emplois seront vacants en raison des départs en retraite.

Secteurs sans solutions

Tous les territoires n'ont cependant pas de propositions concrètes à transmettre pour lutter contre ces pénuries. Ainsi, dans les Alpes de Haute-Provence, le problème numéro un concerne les travaux agricoles saisonniers. Le personnel fait défaut et les entreprises du secteur ont recours à la main-d'oeuvre étrangère. Aucune solution n'a, pour l'heure, été trouvée.

(1) Avenirs des métiers, Commissariat général du Plan, novembre 2002.

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