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LE KNOWLEDGE MANAGEMENTPREND SES MARQUES

SANS | publié le : 16.12.2003 |

Moins ambitieux, technologiquement plus épuré, déployé au service d'objectifs plus opérationnels, le knowledge management (KM) repart sur des bases beaucoup plus saines. Du coup, les pratiques commencent à se multiplier dans les entreprises. Etat des lieux.

Directeur de la société i-km et du KM Forum, une des rares manifestations consacrées au management des connaissances, Richard Collin est, à lui seul, un véritable baromètre sur les pratiques de knowledge management (KM). Son constat ? « Depuis six ans que j'organise ce salon, j'observe une progression constante du nombre des contacts, mais, surtout, de la qualité des réalisations. Cette année, soutient-il, j'ai dû trancher entre une centaine de cas très pertinents. »

Longtemps présenté comme le remède miracle pour des entreprises en panne de créativité, des structures handicapées par leur force d'inertie ou des organisations frappées par des pertes de compétences, le KM semble, en effet, s'être débarrassé de ses scories. « Le concept était mal identifié. Le terme même a été galvaudé, le tout dans un contexte opérationnel très hétéroclite », remarque Didier Donnat, directeur général de Verity.

Les entreprises pionnières, et celles qui ont, depuis, suivi le mouvement, sont revenues aux fondamentaux. Au programme : des projets technologiquement moins lourds, donc moins coûteux. Un exemple ? La société Octéa garantit une implémentation de son logiciel "Arbre des savoirs" en deux jours, installation et formation comprises. « L'idée est de proposer une solution packagée, simple d'utilisation, répondant à des besoins très concrets », affirme Philippe Montagut, le responsable marketing.

« Les entreprises en ont assez d'ériger des cathédrales, du type ERP. Contexte conjoncturel oblige, les retours sur investissement (ROI) doivent être quasi immédiats. Le KM n'échappe pas à cette lame de fond », souligne, de son côté, Patrick Storhaye, président de Shared Value et spécialiste du management des connaissances. Les réalisations sont aussi moins ambitieuses, et cernent, désormais, des populations restreintes. « Nous entrons enfin dans l'ère du KM appliqué. Les pratiques se veulent pragmatiques », complète Jean-Michel Monin, directeur général adjoint de Knowings.

Seconde jeunesse

Si le KM a retrouvé une seconde jeunesse, il le doit, en partie, à l'émergence des communautés de pratique. Dans certaines entreprises, celles-ci commencent à sortir du bois et à susciter l'intérêt des directions générales, qui perçoivent en elles un nouveau creuset susceptible de booster l'innovation et la compétitivité. « Les outils sont actuellement dirigés vers ces entités, confirme Jean-François Millasseau, responsable produit marketing chez Opentext. Le principe consiste à mettre à disposition des membres d'une même communauté une masse de documents afin qu'ils puissent, dans un contexte de travail, les partager et les utiliser efficacement. »

Du coup, la finalité des projets est en train, elle aussi, d'évoluer. Selon l'enquête réalisée cette année par Knowings, les enjeux se situent clairement autour des notions de productivité et d'efficacité commerciale. « Les entreprises misent, aujourd'hui, sur le KM, dans une optique purement business, constate Patrick Storhaye. Rhodia a, par exemple, développé un extranet de partage des connaissances pour ses clients. » Autre intérêt plus terre à terre pour les entreprises : ces solutions de net-working leur permettent de limiter les déplacements professionnels.

Logique de productivité

On est loin, en tout cas, des enjeux liés au capital humain. L'étude Knowings l'a d'ailleurs démontré : les DRH ne sont les sponsors du KM que dans 4 % des cas. Une caractéristique bien française, avance Richard Collin, selon lequel les dispositifs de gestion des connaissances échappent complètement à cette fonction : « D'un côté, depuis la mise en place des 35 heures, le KM est soutenu par une logique de productivité. De l'autre, les DRH ne sont nullement des managers de la connaissance. » « La dimension RH est pourtant omniprésente dans le KM », remarque Jean-Michel Monin.

Travail sur les compétences

Déperdition des savoirs liée, notamment, aux départs des papy-boomers, problématique métier, gestion de la coopération, politique de communication interne, les sujets ne manquent effectivement pas. « Avant de parler de management des connaissances, encore faudrait-il que les entreprises françaises aient suffisamment travaillé sur les compétences », tacle Michel Anglaret, directeur général de Meta4 France. Les DRH n'ont, « pas acquis une culture informatique suffisante », estime Olivier Le Guillou, directeur marketing et communication d'Amalthis, éditeur de logiciels pour les ressources humaines.

Reste qu'il est difficile, pour un DRH, de s'y retrouver dans la jungle des éditeurs revendiquant un savoir-faire sur ce créneau. Dans cette brèche, se sont, en effet, engouffrés une kyrielle de prestataires venus d'horizons très divers. Spécialistes de la gestion électronique de documents, fabricants de portails, d'ERP ou de logiciels de gestion et de cartographie des compétences, chacun a sa solution.

Souplesse d'utilisation

Une chose est sûre : l'univers du KM est aujourd'hui full web. Une des tendances est le développement de l'ASP (Application service provider). La moitié des clients de Knowings ont, ainsi, opté pour cette formule d'hébergement locatif, en raison, notamment, de sa souplesse d'utilisation. Pour le futur, les experts parient sur la montée en charge des portails employés, sur lesquels viendront se greffer de véritables "agoras" virtuelles, complétées par des espaces de travail collaboratifs supportés par des communautés. « La société de la connaissance va faire exploser les frontières traditionnelles de l'entreprise, prédit Richard Collin. Nous allons assister à une bagarre sur la propriété intellectuelle, car les porteurs du savoir réclameront leur dû. Cela, les décideurs n'en ont absolument pas conscience. »

L'essentiel

1 Les entreprises pionnières, et celles qui ont, depuis, suivi le mouvement du KM, sont revenues aux fondamentaux. Au programme : des projets moins pharaoniques, intéressant des populations plus restreintes. Le KM devient pragmatique.

2 Si la dimension RH est omniprésente dans le KM, les directions des ressources humaines apparaissent toutefois en retrait dans le pilotage des projets.

3 Reste qu'il est difficile pour un DRH de s'y retrouver dans la jungle des éditeurs revendiquant un savoir-faire sur ce créneau. Quant aux applications de KM, elles sont, aujourd'hui, full web.