Nestlé Waters France veut tailler dans ses effectifs. La filiale eaux minérales du groupe suisse, qui détient les marques Perrier, Contrex et Vittel, a présenté, fin novembre, à ses salariés, un projet de 742 suppressions d'emploi sur environ 4 200 d'ici à fin 2007. Les premiers visés sont les services périphériques (accueil, cantine...), qui seront, désormais, confiés à des sous-traitants. Objectif de la direction : accroître la productivité des sites français. « En Italie, notre ratio de production est de 1,8 million de cols (bouteilles) par personne et par an. En France, il est de 700 000 cols, explique André Sembellie, porte-parole de Nestlé Waters France. Nous devons adapter l'outil industriel pour parvenir à un ratio d'environ 1,2 million en France. »

Pour réduire ses effectifs, l'entreprise compte mettre en place des accords Cats (Cessation d'activité des travailleurs salariés). Ils permettront aux salariés âgés d'au moins 57 ans d'arrêter de travailler tout en touchant un revenu de remplacement, financé par l'employeur et l'Etat. Ces accords sont réservés aux titulaires de postes difficiles (travaux pénibles, horaires de nuit...). Les salariés plus jeunes se verront proposer des reclassements dans d'autres services, notamment la production, avec des formations à la clé.

Pour la direction, le recours aux Cats est « une manière socialement correcte de préparer l'avenir ». Mais les syndicats ne l'entendent pas de cette oreille. « La direction détourne cette disposition pour démanteler des pans entiers de l'entreprise », estime Jean-Paul Franc, délégué CGT de Perrier, en dénonçant un « plan social qui ne dit pas son nom ». Le 26 novembre, des débrayages ont eu lieu dans l'ensemble du groupe, mobilisant 85 % du personnel, selon les syndicats.

Principale pomme de discorde : le taux de remplacement des emplois supprimés dans le cadre des Cats. Nestlé Waters France prévoyait, au départ, d'embaucher une personne pour six postes supprimés. Un chiffre jugé nettement insuffisant par les syn- dicats. La direction a, ensuite, fait une double proposition : un élargissement des accords Cats aux salariés de plus de 55 ans (avec une embauche pour six suppressions) et, pour les plus de 57 ans, une embauche pour cinq départs. Mais, dans cette hypothèse, le nombre de suppressions d'emploi serait plus important : il pourrait atteindre un millier de personnes...

L'heure est, désormais, aux négociations. La direction a présenté aux syndicats un projet de plan de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC), préalable à la mise en place des accords Cats. Elle espère parvenir à une signature de ce plan début 2004. Le groupe présentera ensuite son dossier aux services de l'Etat, qui doivent intervenir en cofinancement des accords Cats.