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La CGT Renault et Peugeot dénonce l'intérim abusif

SANS | publié le : 09.12.2003 |

La CGT dénonce l'usage abusif de l'intérim dans l'automobile : Renault emploie 12 % de travailleurs temporaires et ils représentent 14 % de l'effectif chez PSA.

Flexibilité, faible visibilité économique, juste-à-temps : depuis une quinzaine d'années, l'intérim investit en force le monde des entreprises. Dans l'automobile, ce mode de travail est même devenu systématique : 12 % des salariés du secteur sont des travailleurs temporaires. Or, selon le Code du travail, « le travail permanent est la règle, l'intérim l'exception ». Et son recours ne peut être envisagé que pour le remplacement des salariés absents ou en cas « de surcroît de travail et d'activité ».

"Salariés sans droits"

« Depuis 1997, et quelle que soit l'activité de l'entreprise, la courbe de l'effectif intérimaire progresse, ce qui prouve qu'il s'agit bien d'une stratégie de la part de l'employeur pour amener à une réforme en profondeur du contrat de travail dans l'entreprise », a déclaré Philippe Martinez, délégué syndical central de la CGT, le 3 décembre, lors d'une conférence de presse. Conséquences ? « Les intérimaires sont des salariés sans droits, des intermittents de l'automobile, affectés aux tâches les plus rudes, avec les salaires les plus bas et sans perspective d'avenir », a commenté Philippe Julien, de Peugeot-Aulnay, où l'on compte 1 000 in- térimaires sur 4 000 ouvriers.

Sur l'ensemble du groupe Renault, les « intérimaires représentaient 12,2 % en 2002, contre 3,5 % des effectifs en 1997 », a indiqué Philippe Martinez. Dans le groupe Peugeot, « en décembre 2002, on dénombrait 12 352 intérimaires (sur 85 000 salariés environ), alors que les ventes explosaient et, en octobre 2003, dans une conjoncture difficile, ils étaient 12 948, a, de son côté, affirmé Joël Moreau (CGT-Peugeot).

Le groupe PSA Peugeot Citroën a pourtant tenté d'encadrer l'intérim en signant, le 12 septembre dernier, une charte sur les "conditions d'emploi du personnel temporaire". Dans ce texte, le constructeur s'engage avec sept entreprises de travail temporaire (Adia, Synergie, Adecco, Crit Intérim, Manpower, Alliance et VediorBis), sur un certain nombre de bonnes pratiques (voir Entreprise & Carrières n° 684).

« La charte permet à l'entreprise de rendre l'intérim plus présentable, conteste Joël Moreau. Dans les faits, le texte n'a pas changé le vécu des intérimaires. » Ainsi, « les délais de prévenance ne sont pas respectés. A Sochaux, 150 intérimaires ont été prévenus le vendredi soir qu'ils ne reprendraient pas leur mission le lundi matin ».

Actions en justice

Pour lutter contre « cette utilisation abusive » d'intérimaires, la CGT a multiplié les « actions en justice » contre les patrons de l'automobile. Forte de plusieurs décisions favorables en première instance et même en appel, la CGT attend la décision de la chambre sociale de la Cour de cassation : le 19 décembre, elle doit se prononcer sur le dossier de 150 intérimaires de la Sovab, une filiale de Renault, qui avaient demandé la requalification de leur contrat d'intérim en CDI.