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Airbus SA, une entreprise européenne avant l'heure

SANS | publié le : 09.12.2003 |

Management par projets transnationaux, acquis sociaux communs à l'ensemble des entités, programme d'échanges... Pour construire l'A380, Airbus a créé une organisation du travail véritablement européenne.

Dans quelques mois, le rêve va devenir réalité. En juillet prochain, le super airbus, le tout nouvel A380, sortira des chaînes d'assemblage de Toulouse, avec des ailes venant de Broughton (Grande-Bretagne), des fuselages fabriqués à Hambourg (Allemagne) et des cockpits en provenance de Saint-Nazaire. Il sera le plus spacieux (500 à 800 places), le plus luxueux (avec salle de gymnastique, salon de coiffure...), mais, aussi, le plus européen des avions. Les premiers essais de vol débuteront en juillet 2004, le premier vol aura lieu en 2005 et la première livraison se fera en 2006. Des compagnies prestigieuses telles que Emirates ou Singapore Airlines se sont déjà portées acquéreurs.

25 millions d'euros de formation

Dix mille personnes sont, déjà, sur le pied de guerre. A partir d'avril 2004, la chaîne d'assemblage, à Toulouse, emploiera 600 salariés pour atteindre 1 500 à 2 000 personnes vers 2008, suivant les cadences de la production. Les 300 premiers "compagnons" de la future chaîne auront achevé leur formation avant la fin de l'année. Ils seront alors transférés vers le programme de l'A380 et accueilleront leurs autres collègues au printemps. Pour cet avion, l'entreprise prévoit la formation de 3 000 à 4 000 personnes dans les deux ans pour les salariés de l'A380 et leurs remplaçants sur les autres chaînes, soit, au total, 25 millions d'euros investis. L'assemblage des différents tronçons de l'appareil sera confié aux ouvriers les plus expérimentés (surnommés les "moustachus"). Ils représenteront 90 % de l'effectif pour le premier avion (contre 70 % habituellement), 80 % en 2004 et 70 % en 2005.

Il aura fallu plus de dix ans pour réussir ce projet pharaonique. Entre temps, le GIE (Groupement d'intérêt économique) est devenu une vraie société intégrée, de droit privé, travaillant pour le civil mais aussi pour le militaire. Le 1er janvier 2001, la société Airbus SA (48 500 salariés) est née, regroupant les sociétés française (Aérospatiale), britannique (Bristish Airways), allemande (Daimler-Benz Aerospace) et espagnole (Casa). La nouvelle entité, dont EADS et Bae Systems sont actionnaires, dispose alors d'une direction à double tête.

Management d'équipes transnational

Pour réussir ce projet, l'entreprise a choisi de décloisonner les frontières et les fonctions. Originalité ? Le travail est organisé par projets et le management d'équipes est, aujourd'hui, transnational. Ainsi, « il n'existe plus de patrons nationaux, mais des responsables de centre de compétences mondiales », indique Eric Pillet, vice-président exécutif et DRH. Le directeur financier a, par exemple, autorité sur 1 000 salariés qui travaillent chez Airbus, quel que soit leur lieu d'implantation. Idem pour la DRH. Pour chaque fonction, les équipes sont transversales et transnationales.

Culture commune

Cette organisation préfigure l'entreprise européenne de demain. « Une culture commune commence à émerger », selon Eric Pillet. L'entreprise a déjà signé, avec les CE des cinq entités européennes, un accord d'intéressement commun à l'ensemble des salariés, alors que ce complément de rémunération n'existait pas en Espagne ni en Grande-Bretagne. Des programmes d'échanges d'apprentis ont également vu le jour ; 25 "compagnons" anglais, allemands, espagnols et français ont suivi une formation commune sur les différents sites du groupe et l'entreprise a fixé une structure de rémunération identique aux 400 cadres dirigeants. D'autres projets sont en chantier. A partir de l'année prochaine, la DRH harmonisera les classifications (fondées sur la méthode Hay), puis s'attellera à la protection sociale, aux contrats de travail, à la mobilité et aux conditions de travail.

L'essentiel

1 L'A380 sortira des chaînes d'assemblage à Toulouse en juillet 2004 ; 1 000 salariés travaillent déjà sur ce projet.

2 Dix ans ont été nécessaires pour réussir ce projet. Le groupement d'intérêt économique (GIE) a évolué vers une société intégrée, la société Airbus SA, qui regroupe les entités française (Aérospatiale), britannique (Bristish Airways), allemande (Daimler-Benz Aerospace) et espagnole (Casa).

3 L'entreprise s'attache à créer une culture commune aux 48 500 salariés, en offrant des conditions identiques, que ce soit pour l'intéressement, les classifications, la protection sociale et la mobilité.