Qualité, respect de l'environnement, sécurité du personnel et contrôle du budget de fonctionnement : les objectifs déterminés par l'accord sur l'intéressement, signé en juin dernier, à la Sagep, reflètent à la fois l'orientation éthique de son management (lire Entreprise & Carrières n° 643) et son statut particulier. Cette société d'économie mixte de 565 salariés (droit privé et fonctionnaires), qui produit les eaux de Paris, n'a pas de contrainte de profit, mais justifie son budget auprès du contribuable parisien. Elle se veut, d'autre part, exemplaire en matière de responsabilité sociale.

« Nous disposions d'une participation, explique Pascal Bernard, le DRH. Mais l'intéressement est plus facile à lier à des objectifs de développement soutenable. » Ainsi, jusqu'à 1,3 % de la marge de la Sagep sera distribuée si quatre objectifs, comptant chacun pour un quart du total - liés à des indicateurs élaborés au regard des cinq derniers exercices - sont atteints au maximum : le coefficient de disponibilité des installations, qui vise à faire progresser la planification des travaux et la maintenance ; le coefficient qualité de l'eau et environnementale, selon des normes techniques habituelles dans ce secteur ; l'évolution du budget de fonctionnement, comparée au taux d'inflation Insee ; la fréquence des accidents du travail.

La répartition de cet intéressement est assez particulière, elle aussi. La prime sera distribuée, pour moitié, sous forme d'un montant fixe et unique pour tous les salariés et, pour moitié, en fonction du salaire. Classique, si ce n'est que cette seconde moitié ne se contente pas d'être proportionnelle au salaire. Trois catégories ont été déterminées : ouvriers, techniciens et cadres, et, pour chacune, un salaire moyen défini. « Ainsi, par exemple, un jeune ingénieur pourra toucher le même montant d'intéressement que le directeur de la société », commente Pascal Bernard.

Pour l'heure, la Sagep n'est pas en mesure de dire si l'exercice 2003 générera une prime, et laquelle. En chiffres absolus, Pascal Bernard rappelle que la moyenne de l'intéressement pour les entreprises dotées d'un accord est de 1 100 euros environ. Il espère que la prime Sagep s'en approchera.

« C'est un premier accord, estime Jean-Pierre Nicolot, délégué CFE-CGC. En outre, nous sommes en phase de mutation, avec des évolutions dans la réglementation de l'eau, et de possibles mises en conformité d'usines, qui joueront sur certains critères. Mais il n'y avait rien, c'est donc positif. » « Les critères nous paraissent justes », renchérit Gille Capy, élu FO. Et les partenaires veulent faire de cet accord un document améliorable au fil du temps.