Equipé d'un capteur de mouvement fixé sur sa nuque, le conducteur de TGV monte sur un tapis roulant et use d'un joystick pour s'orienter. Face à lui, un grand écran lui permet de visualiser en temps réel son déplacement à l'échelle 1, dans un décor virtuel où les voies sont modélisées. Mais la panoplie du stagiaire ne s'arrête pas là. Ayant enfilé un "gant de données" renvoyant la position de ses doigts dans l'environnement virtuel, le conducteur peut interagir avec les équipements (aiguillages, panneaux de contrôle) et utiliser des outils (voir l'illustration p. 18). C'est à la demande des responsables du terrain que le département recherche de la SNCF a conçu ce prototype baptisé Fiacre, avec l'idée de pouvoir mettre progressivement les 1 400 conducteurs de TGV en situation d'intervenir virtuellement en mode manuel sur des aiguillages électroniques défaillants. Une procédure d'urgence rarissime, qui sous-entend que le conducteur arrête son TGV au beau milieu d'un trajet et en descende pour mener à bien l'intervention.

Aujourd'hui encore, cette formation obligatoire est conduite sur le terrain, mais se révèle pour le moins contraignante. « Avec l'augmentation du trafic, il devient de plus en plus économiquement pénalisant de bloquer la circulation afin de mettre en place des actions de formation sur le terrain. Le temps est compté. En l'espace de vingt minutes, pour un seul stagiaire qui passe à la pratique, cinq se contentent de regarder. Le retour sur investissement inhérent à une mise en situation virtuelle est, dès lors, flagrant », explique Philippe David, responsable de projet en réalité virtuelle à la direction de la recherche et de la technologie de la SNCF.

Le prototype de Fiacre a coûté, environ, 76 000 euros en matériels, et un appel d'offres pour la phase d'industrialisation a été lancé. Installé au centre de formation d'Hellemmes (59), ce dispositif novateur a, d'ores et déjà, été testé sur une centaine de futurs conducteurs de TGV. « Il faut compter, en moyenne, dix minutes pour que les stagiaires s'approprient les différentes fonctionnalités du dispositif et commencent à se concentrer sur les actions qu'ils doivent mener. Ce prototype ouvre des perspectives pédagogiques très intéressantes », rapporte Daniel Soum, le responsable de l'unité formation d'Hellemmes.

Les fonctionnalités du prototype de Fiacre sont encore à améliorer. Notamment au niveau de la précision du joystick et du gant de données. Des points qui seront affinés avec la version industrielle qui proposera, en outre, des scénarios beaucoup plus complexes. A partir d'un ordinateur, le formateur pourra alors décider des conditions météo qu'il désire appliquer dans l'environnement (brouillard, pluie...). Pour corser la procédure, ce ne sera plus un seul poste d'aiguillage qui se présentera aux stagiaires mais plusieurs. A charge, pour ces derniers, d'identifier le poste défaillant.

Au-delà des conducteurs de TGV, le dispositif pourra servir, après adaptation, à d'autres profils de salariés non conducteurs amenés, par exemple, à intervenir sur des convois de frets, afin de vérifier si les procédures de chargement ont été respectées.

> Activité : transport ferroviaire.

> Effectifs : 220 000 personnes.

> Chiffre d'affaires : 20,1 milliards d'euros en 2001.