E & C : Les projets de développement d'environnements virtuels de formation sont-ils économiquement viables ?

D.M.H. : Si la puissance de calcul des ordinateurs multimédias grand public autorise, aujourd'hui, des modélisations en temps réel, il faut considérer que les périphériques susceptibles d'être utilisés, tels que les gants tactiles et les bras à retour de force, restent onéreux. Les sociétés qui produisent ces outils les vendent très cher et en petit nombre à des centres de recherche. Ils ne perçoivent pas encore le potentiel que représentent des marchés tels que celui de la formation. En conséquence, ils ne baissent pas leurs prix et il n'est pas possible de faire des achats en nombre. Il est pourtant envisageable de faire moins cher. A l'Afpa, qui est impliquée dans de nombreux projets de formation virtuelle, nous ne nous engageons pas sans aborder la question essentielle de la rentabilité. Nous avons fait l'expérience qu'une négociation directe avec un producteur pouvait permettre de diviser un prix par dix !

E & C : Comment se traduit la valeur ajoutée du virtuel en formation ?

D.M.H. : Au-delà du facteur prix, pour s'imposer, le virtuel doit faire la preuve de ce qu'il permet de faire : montrer des choses impossibles à retranscrire dans la réalité, figurer concrètement des savoirs abstraits... Prenez l'exemple d'un projet d'usinage virtuel, que nous menons avec Clarté, centre lavallois de ressources technologiques. La plupart des machines-outils sont équipées de commandes numériques. Du coup, les opérateurs perdent le contact sensible avec la matière qu'ils avaient pu maintenir avec les machines à manivelles. L'informatique permet de remettre du sensible là où, justement, les technologies ont contribué à dématérialiser des processus de travail.

E & C : Que deviennent les formateurs dans ce contexte ?

D.M.H. : La dimension relationnelle de l'acte pédagogique du formateur devient de plus en plus importante, alors que l'acte de transmission de contenu est, en partie, déporté dans l'environnement virtuel de formation. L'analyse des résultats et la traçabilité des actions vont permettre au formateur d'aider l'apprenant à s'enrichir de ses erreurs et à apprendre plus facilement.