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La formation humaine des ingénieurs, Denis Lemaître, Puf, 200 pages, 25 euros.

SANS | publié le : 02.12.2003 |

Il est admis, aujourd'hui, que le seul enseignement des disciplines scientifiques et techniques ne suffit pas à former un ingénieur. L'évolution des entreprises vers des logiques de service, notamment, exige également des compétences dans la dimension humaine et sociale. En termes de formations "humaines" des ingénieurs, actuellement, trois courants existent : les humanités, la PNL, les sciences humaines. Denis Lemaître analyse systématiquement ces trois modèles de formation dans leurs promesses et leurs dérives.

Le modèle des humanités, à la source des grandes écoles, reste un idéal, mais peut aussi être invoqué comme alibi masquant les dérives fonctionnalistes d'une conception de l'homme avec un grand H, s'appuyant sur des siècles de culture classique soi-disant désintéressée. Le développement personnel place le sujet au centre du processus de formation, mais dans une logique d'instrumentalisation de l'humain et sous couvert d'une mythologie contestable de la communication.

Le modèle des sciences humaines, pour sa part, semble plus proche de l'esprit scientifique à l'honneur dans les écoles d'ingénieurs, mais n'est pas à l'abri des dérives scientistes, qui consistent à faire passer pour des vérités objectives ce qui n'est, au fond, que préjugés personnels, voire de classe.

Au-delà, pourtant, de ces modèles et de leurs adeptes, le moindre des intérêts de l'ouvrage n'est pas de renvoyer aux débats philosophiques contemporains relatifs au progrès et à la modernité. A la clé, notamment, une question existentielle : la figure de l'ingénieur doit-elle continuer à servir l'idéal des Lumières et viser une transformation de la réalité sociale, ou doit-elle se contenter de favoriser l'adaptation à ces mêmes réalités ?