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Des salariés débiteurs de leur employeur

SANS | publié le : 02.12.2003 |

Le système de gestion du temps de travail mis en place dans l'usine allemande MTU de Ludwigfelde crée une sorte de "compte épargne temps" qui met les salariés en situation d'être créditeurs, mais aussi débiteurs en heures.

L'usine de turbines MTU de Ludwigfelde, petite ville de 23 000 habitants des alentours de Berlin, aurait-elle trouvé le modèle idéalement flexible de gestion du temps de travail de ses salariés ? Anciennement "usine du peuple", propriété de l'Etat de RDA, elle a été rachetée, en 1991, par MTU (DaimlerChrysler à l'époque, Kohlberg Kravis & Roberts aujourd'hui). Avec l'économie marchande, elle fait connaissance avec des cycles d'activité, que son système de gestion du temps de travail doit lui permettre d'affronter.

Jusqu'à 240 heures de crédit

Les 550 salariés actuellement en poste, comme tous les salariés des länder de l'Est, travaillent 38 heures par semaine, soit 7,6 heures par jour. Mais, depuis un accord d'entreprise, datant de 1993, ils peuvent être amenés à travailler entre 4 heures et 10 heures par jour. Les heures accumulées au-delà de l'horaire normal viennent alimenter un "compte épargne temps", dans la limite de 240 heures. Ces heures peuvent être transformées en temps libre, en accord avec la direction, mais pas monétisées. Le salaire, lui, ne varie pas. Seules les heures travaillées le week-end, les jours fériés ou la nuit, sont rémunérées en heures supplémentaires : 25 % de plus pour les deux premières heures du samedi, 50 % les suivantes ; 70 % de plus le dimanche, 100 % de plus les jours fériés, et 12 % de plus la nuit.

A l'inverse, en période creuse, les heures non travaillées sont débitées du compte épargne temps, dans la limite de 120 heures. Un salarié peut, ainsi, devenir débiteur, en heures, de son employeur. « Au début, les salariés se sont montrés très sceptiques. Aujourd'hui, 90 % d'entre eux sont satisfaits », déclare Michael Winkelmann, secrétaire du comité d'entreprise.

Comme pour un compte en banque, la tenue du compte épargne temps varie selon les individus : « Certains sont de vrais collectionneurs et accumulent plus de 100 heures. D'autres recherchent l'équilibre. D'autres, encore, ont un compte débiteur de 100 heures », explique Michael Winkelmann, lui-même en fonds de 40 heures.

Compte débiteur

Le système possède, cependant, un maillon faible, en cas de départ du salarié de l'entreprise. « Quand le compte est créditeur, ce n'est pas un problème, le salarié reste chez lui le temps nécessaire avant son départ », explique Michael Winkelmann. Quand le compte est débiteur, l'affaire est plus délicate. La firme est alors obligée d'offrir ces heures au salarié. « En cas de licenciements de masse, je ne sais pas comment cela marcherait, reconnaît-il. Jusqu'à présent, nous avons toujours réussi à équilibrer le compte. »